Dans le noctis, 1h et quelques du matin. J’ai pas vu le temps faire son taff, il était 23h puis une heure. Plein de place dans la cage thoracique plus de place dans la tête, y’a quelque chose en expansion y’a quelque chose de printanier jme suis trompée d’hémisphère.
Les souvenirs ressortent moins souvent ils sont rangés proprement avec amour et tendresse.
La douleur fait moins de bruit, parfois elle chuchote et je la console.
Le mercredi c'est le jour du rendez-vous de la famille choisie.
Ca fait sept ans qu'on use les chaises de la terrasse de l'Athénée. Le Spritz coûte 9€50 maintenant, et nous nos cortex préfrontaux sont finis donc on n'a plus d'excuses pour nos conneries.
Ca commence toujours de la même façon: J'arrive, je cherche son bob ou son béret au loin en plissant les yeux. Quentin et moi, juste à deux (enfin à trois avec le chien), une demie-heure minimum, le temps de se mettre à jour sur les trucs plus émotionnels. Le téléphone sonne "Ouais jsuis à l'Athénée. Avec Méré. Ok à toute".
Et la suite de la caravane arrive, on fait les chaises musicales, on bouge les tables, untel arrive, untel repart, enfin une des meufs débarque, vous connaissez pas la dernière avec machin? ah bah quel con celui là quand même, pourquoi vous traînez encore avec. Les voix se mélangent on parle fort on existe beaucoup on est en meute, en banc, en essaim. Qui veut quoi? Prends ma carte.J'ai faim ah moi aussi ramène moi un truc.
On a toujours quelque chose à se dire. C'est plus les mêmes choses. Parfois si, parfois on re raconte la même histoire la quinzième fois avec dix détails qui changent, et parfois jme rends compte qu'on a trente ans.
L'un part tôt parce que demain le petit se lève tôt. L'autre parle du lit qu'il fabrique pour sa fille. Y'en a un qui a mal quelque part. Encore. Y'en a qui restent tard, ils sont en vacances demain.
C'est des darons mais c'est les gamins saouls qui dansaient jusqu'à l'aurore quelque part un peu plus tôt dans l'échelle de l'humanité. Si ça se trouve un jour les gamins vont se multiplier et aussi former une meute.
Entre deux verres de vin à la mer à boire Andrea a pris mon tatouage « plot twist » en photo. Je l’avais presque oublié celui-là. Ma bande de potes m’avait donné ce surnom dans notre groupchat en 2018. Ça m’arrivait tout le temps, je le disais tout le temps.
Je m’attendais pas à ce qu’elle arrive dans ma vie. Je m’attendais pas à ce qu’on se quitte. Je m’attends pas à me sentir de nouveau heureuse et épanouie. Plot twist?
Ce matin au réveil y'avait un petit carré de vide en moi. Quelque part dans un poumon, une alvéole remplie de néant.
Après mon euphorie face à la vie d'hier, je me suis rendue compte de quelque chose: la raison pour laquelle je fais autant de chose, je rencontre autant de gens, je fais autant de découvertes...c'est parce que j'ai tout ce temps pour faire ces choses, qui est provoqué par son absence et notre rupture.
Un mal pour un bien, en plus nuancé, avec des centaines de tonalités.
Je savais que la tristesse allait revenir parfois sous une forme ou l'autre mais j'avais oublié que c'est pas possible d'être euphorique h24. Je croyais, comme plein de fois dans le passé, que je pouvais réussir à le faire. Mais je suis qu'une pauvre petite humaine, qui en est à sa deuxième fin de relation sérieuse.
L'adage dit jamais deux sans trois mais je sors un contre-uno j'en veux pas.
Ca m'intéresse pas. Ca m'intéresse plus. C'est pas avoir le coeur brisé le problème, je pourrais l'avoir de cent façons différentes. C'est d'avoir eu tort. Ou raison, raison très fort un certain temps. Puis l'Univers, comme il l'avait fait en novembre 2021, a fait un petit coup de baguette magique, sans raison, sans explication. Mais son tour de magie j'en voulais pas là.
(Je pleure un peu en écrivant ça faisait une semaine que j'avais pas pleuré, je suppose que Tove Lo ça aide.)
Je veux plus appeler quelqu'un mon amour, je veux plus partager mon lit, je veux plus que chez moi soit chez nous, je veux plus avoir une personne préférée, je veux plus avoir une personne de référence qui est la première à tout savoir. Je veux plus être convaincue que c'est la personne de ma vie. Je crois plus du tout au concept. La dernière à qui je veux bien donner de cette naïveté si honnête c'est elle. Elle garde son titre.
Je distribue les surnoms comme des miettes. Tout le monde est ma douce, mon chat, mon coeur, mon sucre. Tout l'amour que j'ai encore en stock je le distribue sinon il va stagner. Je lui en envoie encore à elle, de loin. Peut-être qu'elle le sent quelque part dans une alvéole.
Tout s'était aligné. J'étais arrivée au squat avec mes cookies, ma gentillesse un peu gênée au bout des lèvres. Mes atomes avaient passé la journée à bourdonner, ils savaient que j'allais être au bon endroit au bon moment.
Bien sûr que tous les enfants ont tourné autour de moi comme des abeilles. Bien sûr que tout était naturel pour moi, comme si j'étais venue mille fois avant.
Je crois que je devais être là hier soir. Devant cet écran entouré de toutes ces personnes, la petite T. sur les genoux comme si elle m'avait connue toute sa vie.
Et sur le chemin de la maison, mon appartement à moi seule maintenant, à parler et écouter la différence et similitude des choses qu'on vit.
Ma conclusion c'est que j'ai plus envie d'être amoureuse, plus jamais, même dans un futur lointain. Mais l'univers a décidé que j'allais aimer les gens les endroits et les choses. Et moi-même.
Comme Cassandre j’ai vu le futur venir et je me suis pas crue
Jme suis accrochée à toutes les solutions possibles
A toutes les couches de compromis
Je veux plus avoir de personne préférée
Ça s’arrête avec elle, ou alors ce sera moi. Y’aura plus de lettres à un futur amour, parce qu’en fait je crois que c’est ok qu’il n’y en ait plus jamais. Cette personne hypothétique s’est matérialisée en elle, et c’est fini. Y’a plus. Notre espace-temps était limité, il est peut-être encore plus beau comme ça.