mercredi 26 mai 2021

Dedans dehors






Aujourd'hui par hasard j'ai été faire du yoga.
Et entre deux inspirations, la tête à l'envers, il s'est passé quelque chose.
Je me suis subitement vue de l'extérieur et j'ai débloqué le sentiment que j'avais sur le bout du coeur depuis des semaines.
Je suis en dehors du monde tout en étant dedans. J'ai l'impression de ne plus être le personnage principal que j'étais. Je suis toujours la protagoniste de ma vie mais j'ai un autre rôle dans le monde, ou en tout cas c'est une autre facette, jusqu'ici très cachée, qui est sortie de sa torpeur pour prendre un peu le dessus. Je ne suis plus que la bouche je suis aussi l'oreille, je ne suis plus la main nerveuse je suis aussi les veines qui la font vivre. Je suis intérieure pour mieux être extérieure.  Je creuse et je façonne.

J'ai toujours eu des introspections très publiques. Je passais plus de temps à dire que j'étais en introspection qu'à réellement l'être. Je parlais. Je questionnais des relations. Je parlais. Je questionnais mon rapport aux hommes. Je parlais. Je questionnais mon anxiété. Je ne sais pas dire ce que je suis en train d'introspecter, mais en tout cas je suis certaine d'être en train de le faire.

Et là je regarde les autres protagonistes vivre, et je vis parmi eux. Il existent avec fracas, d'autres sont plus silencieux. Certains sont assis et d'autres dansent, certains sautent à pieds joints dans le chaos, d'autres me racontent des histoires. Et moi j'observe et j'écoute depuis mon intérieur. Et peut-être que cette fois-ci je ressortirai différemment. 


dimanche 9 mai 2021

Un rencard géant.






J'ai reçu un message d'Asma qui me disait "Je vais en terrasse, viens"

J'ai enfilé ma veste en jeans, celle des beaux jours, j'ai dévalé les escaliers et j'ai traversé une partie de Saint Gilles à pieds.

Mon coeur battait comme si j'avais un rencard avec un.e crush de longue date. Je me faufilais sur les trottoirs sur lesquels des terrasses avaient poussé comme des fleurs du jour au lendemain. 

Je croisais des regards inconnus et ils me faisaient des effets de peintures au musée. Tous ces visages étaient beaux, l'atmosphère était onirique. 

J'avais oublié qu'on était plus d'un million dans cette ville, j'avais oublié que les visages ne s'arrêtaient pas aux yeux. J'avais oublié les bruits de chaises métalliques, le brouhaha de fond, mon coeur qui palpite face à de la nouveauté, les atomes exaltés par la spontanéité.


Putain on est un million, putain je suis vivante, putain.

dimanche 2 mai 2021

Corps

 Des fois j'arrive pas à habiter mon corps. 


J'ai l'impression qu'il est une maison et que quand un changement s'y opère sans m'avoir demandé mon avis, je préfère emménager dehors que dedans. Je sors dans le jardin et je dors dans une tente. Et je l'observe et j'arrive pas à comprendre qu'il est à moi. Que je dois être dans la maison, parce que si je suis pas dedans, où est ce que je vais habiter?


Mais je boude. Je boude quand le papier peint me plait pas, j'ai envie de l'arracher en hurlant. Mais il s'enlève pas. Il m'a pas demandé mon avis il a poussé pendant la nuit comme une jungle silencieuse. Parfois faire un tour en dehors de mon corps ça m'aide à respirer mais après je sais plus rentrer dedans, y'a jamais eu de clé.


Alors de dehors je scrute la maison, je regarde ce que j'aime pas, je la fixe encore, encore, encore, jusqu'à ce que mes yeux fatiguent. Et ma maison elle veut juste que je l'habite. Elle veut que je la décore, elle veut que je m'adapte à ce que je ne peux pas changer. Je crois que je rends ma maison triste parfois.