dimanche 26 avril 2020

L'expérience sociale.

Qu'est ce qu'on obtient quand on met une meuf avec les hormones en vrac en confinement, avec en prime le printemps qui s'éveille mais les rues qui se taisent, un potager qui grandit, des crayons de couleur à la taille qui se réduit, des séances de sport matinales, un garçon qui glisse en dm, une idée de détachement, une liste de films qui s'allonge, une liste de choses productives à faire qui reste juste hypothétique, des appels en visio aux potes, une grosse dose d'anxiété, des antistress aux plantes, une petite voisine de 6 ans qui veut apprendre à écrire, des conversations sur l'univers, des playlists, des mains pleines de terre, des appels à la psy toutes les deux semaines, une dizaine de tentatives de cake à la banane sans four, du pollen à foison et qu'on mélange un peu?

C'est une putain de bonne question.




dimanche 19 avril 2020

Ready for who.




J'étais prête, putain qu'est ce que j'étais prête.
Le flou au loin se dessinait de plus en plus clairement. Comment j'allais arrondir les fins de mois jusqu'à l'été, puis vers quoi j'allais chercher pour qu'ils ne soit plus si anguleux en septembre. Commencer à chercher des apparts, pas trop loin, avec du parquet, ou un tout petit balcon sur lequel des plantes pousseraient enfin, ou une cuisine ouverte d'où je nourrirais les gens que j'aime. Rendre mon projet professionnel réel une rencontre à la fois. Sentir l'odeur du soleil, ranger les pulls, sortir ma robe à fleurs, croiser un regard, un qui brûle plus que les autres, du plus joli des feux, celui qui circule de mes mains vers mes reins et qui m'embrase quand on m'embrasse. Penser à quelqu'un qui n'existe pas encore dans mon petit cosmos en écoutant des musiques un peu adolescentes. Vivre mes petites aventures du quotidien, rentrer tard, considérer l'apéro improvisé en terrasse comme un repas, compter mes bonheurs sur mes doigts et manquer de mains.

Dans mon bocal je tourne, je range un peu, je m'assieds à table face à moi-même, j'ausculte encore un peu mon âme, un peu plus loin, là où ça fait un peu plus mal. Entre deux distractions j'analyse pourquoi je me suis sentie comme l'année de mes 18 ans quelques journées. Pourquoi j'ai rien senti, du tout, tout d'un coup, entre deux bouillonnements. Entre une série et la vaisselle je m'entraîne à pleurer comme la psy me l'a suggéré. Entre une soupe et une promenade je me rends compte que mon cerveau croit tellement être prêt à être aimé en retour qu'il a inventé quelqu'un qui n'existe pas pour me projeter des romances de quelques secondes quand je rêvasse. Mon gsm continue de vibrer à chaque notification du calendrier mis sur pause et me rappelle que cette bulle aux airs de dystopie est temporaire. Que y'a rien d'autre à faire que d'essayer de m'asseoir encore un peu avec les morceaux de moi qui me font peur, les regarder bien dans les yeux jusqu'à ce qu'ils baissent les leurs.