dimanche 13 décembre 2020

Closure.

J'ai appuyé sur la touche envoyer.

Le petit marqueur bleu s'est affiché immédiatement à côté.

Un poids s'est soulevé et ma poitrine et mon ventre m'ont soudain paru plus légers.

Peut-être qu'on sera de nouveau dans la vie l'un.e de l'autre un jour, peut-être jamais.

Mais au moins ma cage thoracique n'enveloppe plus mon coeur d'une façon protectrice à l'en étouffer. 

Elle le tient juste en place maintenant.

dimanche 6 décembre 2020

Le cycle de l'eau

 "Jsuis trop vieille pour avoir un chagrin d'amour."

Ugo a ri, d'un son un peu métallique, à travers mon téléphone.

Je me suis vue en petit, floue, à travers les larmes, un peu rouge, un peu penaude, un peu con con, un peu dramatique en cette fin de dimanche après-midi.

J'ai passé deux heures à pleurer. Ca a commencé un peu dans le tram. Mes yeux se sont remplis à ras bord. Y'avait deux femmes devant moi qui se parlaient, assises en travers des sièges. Espagnol, un truc du style. J'essayais de pas regarder mon reflet. J'ai écrit un poème et les larmes ont fait marée basse. J'ai passé la grille et maon coloc sortait justement de chez nous avec sa copine, pressé.e.s. 

Le premier truc que je me suis dit c'est que j'allais pouvoir pleurer tranquillement. Ce qui est étrange pour une personne comme moi qui a passé une dizaine d'années à trouver ça normal de ne pleurer que deux à trois fois par ans.


Je suis montée dans ma chambre, j'ai jeté ma veste par terre et je me suis laissée tomber sur mon lit en même temps que mes larmes. Je me suis redressée parce que je devais ranger quelques trucs. Toujours les joues mouillées j'ai été remplir ma gourde à la cuisine. Pleurer ça déshydrate. Je vidais ma gourde, je tachais mon lit de larmes. Je remplissais ma gourde et je remplissais mes yeux, ça n'en finissait pas.  Je me demande si les larmes qui s'évaporent se retrouvent dans le cycle de l'eau.

En espérant peut-être raccourcir les larmes en augmentant subitement le débit j'ai écouté des chansons qui parlent d'amour, certaines de la playlist que j'avais créée avec iel. Le débit a augmenté mais s'est prolongé aussi. J'ai écrit dans mon carnet comme si je m'adressais à iel. En plein coeur du cyclone de larmes tout paraît insurmontable. Et même en en ressortant il y a encore des choses que j'arrive pas à intégrer dans ma tête.

Tous les chagrins d'amours sont uniques à leur façon. Mais celui ci ne ressemble pas aux autres parce que pour la première fois, je ne suis pas toute seule dans ce chagrin. La personne en face aussi a besoin de temps pour passer à autre chose et ce concept m'échappe totalement. Que ç'ait été réciproque. Ca paraît plus logique dans ma tête de me dire qu'iel en jamais eu rien à foutre de moi, que c'était une fois de plus à sens unique, qu'iel me déteste, même, peut-être. Toutes ces idées me paraissent plus plausibles que de me dire qu'en fait j'ai été aimée en retour.


Ca donne mal à la tête les chagrins d'amour. Surtout quand on peut pas faire quelque chose de tout cet amour emmagasiné. Qu'il est là et c'est tout et il a nulle part ou aller et nous non plus. Parce qu'il y a une pandémie.


Putain quelle vie étrange.

dimanche 29 novembre 2020

Le coup de l'eye liner.

 Y'a des parties de moi qui sont ancrées tellement profondément que j'ai l'impression que ne plus les avoir me ferait perdre mon identité, en tout cas dans la façon dont je suis perçue par autrui.


Mon piercing au nez que je ne vois même plus, le fait de ne pas manger de viande, être célibataire,  et, jusqu'à hier, le fait de ne pas porter de maquillage depuis trois ans.

Mais samedi matin je me suis réveillée avec une envie étrange, un peu du genre manger un doughnut en plein SPM ou une envie de changer de coupe de cheveux: j'avais très envie de mettre de l'eye liner. Ca faisait quelques mois déjà que je me demandais si j'allais remettre du maquillage un jour. Mais j'avais peur qu'en en remettant je m'habitue de nouveau à n'aimer mon visage que décoré, et à le scruter pour vérifier que tout soit en place tout le temps. Alors je continuais à vivre cette absence de décoration (alors qu'il y a trois ans je gérais toute sorte de make up) comme ma marque de fabrique. Mais hier matin je suis sortie de mon lit, j'ai ouvert mon armoire, fouillé dans une petite caisse en plastique et j'ai trouvé un vieil eye liner. J'ai fait deux traits, assez bien faits pour quelqu'un qui n'y a pas touché en trois ans, et lors de mes emplettes matinales j'en ai racheté. Et en fait ça n'a rien changé à ma journée. Parce que j'ai plein de facettes et qu'avoir quelque chose sur mon visage ou non ne change rien à ma personne.


C'est tout con comme réflexion. Mais ça fait du bien.


dimanche 15 novembre 2020

Définition de l'amour numéro 27.

Après la lecture de quelques paragraphes d'un livre partagés par Asma, une séance chez ma psy et une conversation avec Ugo, je me suis rendue compte que tous ces papillons dans le ventre et cette nervosité jusqu'au bout des doigts quand j'étais en présence des garçons dont je pensais être amoureuse était en fait peut-être mon corps qui me disait que toute cette électricité c'était pas de l'amour mais bien de l'infatuation. Qu'en fait on ne peut pas aimer quelqu'un qui ne nous aime pas. Que notre corps nous aime, nous protège, que le coeur lui-même fait si bien son travail et que les papillons sont préventifs. Que parfois on a tellement envie d'aimer qu'on fait fi des petites décharges et que dans notre bibliothèque mentale on les associe avec tous ces romans et ces films qui nous chuchotent que c'est juste ça l'amour en fait. De l'électricité. Des papillons qui prennent plein de place. Un estomac noué. Que c'est mignon.

Puis quelqu'un est arrivé.e sans fracas sans grande entrée sans fumigènes sans effets spéciaux. Et c'était calme. Et les silences étaient jolis. Et c'était doux. Et bienveillant. Et les papillons étaient partis en vacances.


Alors peut-être que c'était ça un sentiment amoureux. Comme je n'en avais pas eu depuis ma relation longue il y a bientôt quatre ans. Quelqu'un qui sait quel légume t'aimes pas et qui s'en souvient. Des silences confortables. Et des papillons en vacances.








dimanche 8 novembre 2020

La saison de l'introspection.




J'ai fait couper mes cheveux. J'ai une frange qui encadre mon front et qui y dessine une sorte de coeur.

Je trouve que je me ressemble encore plus fort maintenant.


Et je sais que j'ai dit ça mille fois avant et peut-être que je le dirai encore mille fois, mais là j'ai envie de prendre une vraie pause dans ma "dating life"(comme iels le disent dans les séries américaines sur les gens de mon âge). Pas de crush unilatéral ni réciproque, pas de fréquentation, pas de sexe. Plutôt facile de m'y tenir, on est quand même en pandémie.

Je trouve que ces moments sans personne en vuent me recadrent et me remettent dans mon corps. Comme si je secouais une boule de neige et que la neige retombait. Et j'ai l'impression que maintenant, les périodes d'introspection sont moins douloureuses et les petites et grandes aventures qui le encadrent sont de plus en plus saines. 


Je crois que c'est ça grandir en fait. C'est apprendre de mille façons différentes jusqu'à ce qu'on comprenne quelle est la bonne façon d'apprendre pour soi

dimanche 1 novembre 2020

Se mouvoir dans l'entropie.






L'autre soir j'ai demandé à Lidia si elle aussi elle trouve que l'Univers ne nous donne jamais trop de stabilité à la fois.  Que le mouvement du déséquilibre nous fait avancer.

Parce qu'être sur une corde raide ne laisse pas beaucoup de choix autre que d'avancer. Et qu'une pièce chaleureuse avec un feu de cheminée et un gros fauteuil moelleux et la porte fermée ça ne donne pas envie de sortir voir ce qu'il y a derrière la porte.

Cette semaine la vie m'a parue étrangère à moi. J'ai beaucoup dissocié, j'ai eu beaucoup de mal avec mes émotions et mes ressentis, j'ai essayé de les rejeter mais les mécanismes de défense défectueux commencent à rouiller avec le temps. Les mécanismes de réconfort sont aussi à ranger au placard: pas de concerts, pas de bars, pas d'expos, beaucoup moins de jolis hasards aux coins des rues, et les abysses de mon cerveau qui me font parfois très peur.

Mais ça va aller.

Ca va toujours au final.

dimanche 25 octobre 2020

Dancing in the moonlight

Ce soir ça fait une semaine qu'iel est reparti.e.

Ca fait une semaine que j'ai pleuré à l'arrêt de bus.

En une semaine je me suis dit que c'est triste, que c'est ok, qu'en fait non c'est nul, que c'est ok, qu'on verra plus tard, que non parce que pas maintenant = jamais, que le timing c'est pas un vrai truc, que je suis contente, que non je suis triste,  que je suis prête à être ami.e.s, que je ne le suis pas, que je suis tout, que ça fluctue. Et que ce sera ok. Ce sera toujours ok au final.  

Dans la montée du parc, ma grand-mère a dit qu'on est deux diamants qui ne peuvent pas former une bague mais qui formeront autre chose. Elle a juste hoché la tête quand en conclusion de cette histoire je lui ai dit qu'en gros je m'en fous du genre des gens. Puis elle a paniqué quand je lui ai parlé de Rome l'an prochain. Avec Ugo on aime bien imaginer qu'on y sera en même temps et qu'on se fera des amis riches qui ont des maisons de campagne.


Son odeur sur le coussin est presque imaginaire maintenant.





jeudi 22 octobre 2020

Une grande première.

Pour une fois je ne prends pas ce qui se passe pour du rejet, ni pour de l'abandon.

Bien sûr que tous mes mécanismes de défense protestent et essaient de se rebeller et de me rendre triste subitement l'espace de quelques minutes. Mais là c'est un cas particulier. Pour une fois c'est réciproque. Pour une fois la personne en face de moi veut aussi quelque chose avec moi. Mais se mettre ensemble ça voudrait dire faire trop de compromis. Et on a toustes les deux promis à nous-même qu'on allait arrêter de se mettre soi-même en dernier. Alors on s'est embrassé.e.s quelques dernières fois avant qu'iel ne monte dans le bus. Et on s'est répété que c'est con cette situation. Et j'ai un peu ri à travers mes larmes à cause de ses blagues. 

Alors je me laisse un peu de temps, et je lui en laisse aussi. Pour mettre de côté et ne plus nourrir de romance entre nous. Pour construire quelque chose de platonique et rester dans la vie l'un.e de l'autre.

Le coussin sur lequel iel a dormi a presque perdu son odeur.

We live and we move, comme iel le dit si bien. Alors je vais aller vivre (aussi bien que possible en pleine pandémie). Et je vais me laisser me mouvoir comme l'eau. 





dimanche 27 septembre 2020

Le coup de la réciprocité.

Il a posé ses sentiments sur la table devant moi.

Une table imaginaire dans une pièce imaginaire qui se trouve quelque part au milieu des 260 kilomètres (oui j'ai compté) entre nous, que je vois dans ma tête parfois.


J'ai regardé ses sentiments mais il était une heure du matin et j'ai un peu paniqué. J'ai cru qu'il les posait et que la suite c'était qu'il allait les jeter, me jeter me rejeter, au loin, dans un endroit où on ne trie rien.

Parce qu'en fait moi j'ai pas l'habitude de ça. Moi j'ai l'habitude qu'au moment où l'autre ouvre son coeur c'est pour me montrer que je suis pas dedans quelques mots plus tard. 

J'ai dormi dessus, les yeux un peu salés comme après la mer mais sans chaleur sur ma peau noyée dans mes draps qui me paraissaient immenses.


Au réveil il a remis se sentiments sur la table devant moi. 

J'ai repensé à ce qu' Asma m'a dit. Que là il est temps de cesser de courir loin des miens, de les garder comme un secret trop hideux pour voir le jour aux yeux de la personne concernée. Alors j'ai posé les miens sur la table aussi.


Et en fait on a les mêmes. Et y'a un peu de peur aussi. Pas pour les mêmes raisons.

Et là tous mes mécanismes de défense sont sortis en même temps et je savais que j'étais en train de fuir alors je lui ai dit ce qui était en train de se passer. Et il m'a calmée. Et il m'a écoutée. 


Ca fait bizarre la réciprocité. Et le dialogue. Et la bienveillance. Quand on a passé des années sans en voir dans sa vie sentimentale. Mais c'est joli. Et c'est doux. 

dimanche 20 septembre 2020

Quand soudain.

Demain je commence mon nouveau taff.

J'ai un nouveau taff. 

Il est tombé du ciel un peu. Au hasard dans les spams de ma boîte mail, une opportunité presque ratée, à quelques heures près. 

Et aussi, dans la même semaine, y'a quelqu'un qui s'est hissé tout en haut dans ma liste de contacts. 

Ca fait beaucoup de choses chouettes d'un coup.

Mon anxiété trouve ça suspect. Mais je commence à la connaître. Je sais comment la faire partir, l'amadouer, la calmer, la mettre au tapis. Fermement. Avec douceur pour mon coeur et logique pour mon cerveau.

Et mon coeur retient enfin ce mantra:

Les moments sont des moments.





dimanche 6 septembre 2020

Une année entre parenthèses.

 C'est bizarre ça fait longtemps que j'ai pas placé une date buttoire au loin sur le plateau de jeu de ma vie.

Là j'ai mis mes pions quelque part sur ce plateau indéfini, multicolores, certains usés, d'autres sont des pièces rapportées, un peu similaires mais pourtant dépareillés, qu'on prend d'un autre jeu inutilisé. Je sais pas quand se terminera la partie, y'a toute une partie du plateau que je vois pas mais ce que je vois c'est que j'ai mis un pion plus loin, un an plus loin, il est sur la case septembre 2021, et sur cette case il y a un dessin du Colisée. Mais j'arrive pas à décider de si je veux que les cases entre celle ci et celle de septembre 2001 se précisent très clairement. J'ai peur d'entamer des choses ici qui me dissuaderont de partir.

Je connais déjà des yeux verts sur un visage qui fronce ses sourcils comme les miens, qui deviendront très très humides. Quand je partirai. Si je pars. Quand je partirai. Quand, si, quand, si, quand, si.


Mais je peux pas mettre toute une année entre parenthèse à la vivre à moitié pour être sûre d'avoir encore l'impulsion de la curiosité à mettre sur moi comme un sac à dos. Je peux pas éviter d'être vivante, comme si j'avais une jauge d'émotions et de vivacité qui allait s'amenuiser et se trouver vide le jour de mon hypothétique départ (même si techniquement, oui, notre jauge de vie s'amenuise de jour en jour mais je parle de VIE au sens poétique, pas au sens scientifique). 

J'ai juste tellement repoussé le jour où j'allais partir à la découverte de moi-même ailleurs, consciemment ou non, que maintenant que je me sens prête, j'ai peur de trouver des raisons de pas partir. Et vu que j'ai peur de trouver des raisons de pas partir j'ai envie de mettre un mur entre moi et le monde en attendant mon départ. Mais c'est pas comme ça que ça marche.


Quand je partirai. Pas si je pars. Quand je partirai.




dimanche 30 août 2020

Plein d'amour(s)






Avant de s'endormir , il s'est retourné dans le lit, et me tournant le dos, il a dit "Je suis vraiment content de t'avoir rencontrée Meredith."


Moi aussi je suis très contente de l'avoir rencontré, ce garçon aux airs de pirate dans un bar en novembre, et d'avoir appris de lui qu'en fait je suis tout a fait capable d'avoir des relations avec quelqu'un tout en sachant qu'il en a avec d'autres sans que ça fasse pousser une fleur rouge de jalousie dans ma cage thoracique.

D'avoir appris qu'il y a tellement de formes et de morceaux d'amour, et que plus j'en donne plus j'en ai en stock. Qu'on peut aimer quelqu'un et pas être amoureux, que quand c'est là c'est là et quand ça l'est pas, ça l'est pas. Et qu'il n'y a pas à creuser et qu'il faut rester dans le moment.

Je me demande quelles autres rencontres formatrices vont naître de ces apprentissages là. L'automne commence à se faufiler dans ma nouvelle rue au sommet des arbres à corneilles. J'ai un an d'aventures à vivre face à elles. Avant d'aller voir d'autres arbres. Et apprendre d'autres choses.


dimanche 2 août 2020

Table rase.




J'adore le confort qui se cache dans les habitudes.
Je suis monomaniaque. La même chanson pendant 48h, le même petit déjeuner pendant un mois, regarder tous les épisodes d'une même série pendant une semaine. Les mêmes basket neuves pendant des semaines, le même sac jusqu'à l'usure. Ces temps-ci le week-end je traverse la place, je prends un café frappé et une couque au chocolat. Le dimanche soir je commande chez poki poké. Les jours les plus anxieux je regarde un film vu et revu parce que je sais ce qui va se passer et que j'ai besoin de me tourner vers quelque chose dont je connais la fin. Quand je remonte la chaussée d'ixelles je prends le trottoir de droite. Quand je la descends c'est sur la gauche.  Quand je remonte la rue lesbroussart c'est par la gauche et je la descend par la gauche à partir du second feu. Quand j'ai passé une mauvaise journée je prends un paquet de mikado au chocolat noir et un petit café froid.

Et puis d'un coup, sans prévenir, du jour au lendemain, tous les 3 ans environ, parfois en l'espace d'une heure, un besoin pressant d'oxygène très différent apparaît. J'ai besoin de tout envoyer péter. Délicatement. Une envie qui fourmille dans mon cerveau qui se transmet à mon corps qui rend mes mains nerveuses. Il est l'heure de laisser la peau du serpent derrière. J'ai mangé trop de riz. J'ai bu trop de café. J'ai trop écouté cet album. Je veux plus manger des couques le dimanche. J'ai fait trop d'années à ce taff. J'ai trop soupiré en pensant à ce mec. J'ai trop vu ce film.

Je me demande à quoi vont ressembler mes habitudes jusqu'au prochain coup de tête.


dimanche 26 juillet 2020

J'existe.






Mon cerveau m'a mis les larmes aux yeux en sortant de chez les filles. Il a failli le refaire, assise seule sur le tapis de chez Arthur.
Mon cerveau panique et je dois le rebooter, un peu, beaucoup, parfois, trop.

Moi et mon cerveau craintif on existe seulement parce que deux jeunes adultes de vingt ans se sont rencontrés en boîte de nuit. Elle y a été pour la première fois de sa vie. Lui c'était un gros sorteur. Elle l'a ramené à la maison pour le présenter à sa mère au petit matin. En tout cas c'est ce que ma grand-mère m'a dit. Ils se sont aimés et puis rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme et leur amour s'est métamorphosé, les je t'aime ont quitté leurs bouches pour aller vers d'autres oreilles.

Et moi j'existe.

J'existe, un dimanche soir, un vingt-six juillet (veille de mon numéro préféré, celui que je jouerais aux jeux de hasard si j'aimais ça) deux mille vingt, j'existe, mes cheveux attachés en chignon qui s'en fout, en culotte et pull rouge et chaussettes hello kitty, assise sur mon lit, dürüm en main, comédie romantique en face des yeux, j'existe parce qu'à un moment il y a eu de l'amour et mon cerveau lui il a trop souvent peur. Alors je le leurre mon cerveau. Je lui chuchote des gentilles choses. Mais je perds patience et parfois je crie.

J'existe, par le plus grand des hasards, en même temps que d'autres êtres tout aussi hasardeux, qui m'aiment d'un amour grandiose, plus beau que dans les films, plus vrai que dans les livres, qui cuisinent avec moi, qui rient avec moi dans l'herbe, qui courent avec moi dans les rues.

J'existe sur une planète où il y a des mangues, du chocolat, des montagnes qui s'en foutent du temps qui passe, des océans terribles, des arbres centenaires qui me toisent.

J'existe en même temps que le wifi, que le paiement sans contact, que des révoltes dans les rues et sur petit écran, que Beyoncé et qu'une pandémie.

J'existe parce qu'il y a eu de l'amour dans une boîte de nuit un soir dans Bruxelles et il y en aura encore, encore plus longtemps que les montagnes.

mercredi 22 juillet 2020

Les chemins et les signes.




Quelque part à Rome, entre le quartier de Monti et la piazza di Spagna vendredi en début d'après-midi, je déambule, un peu perdue, un peu perdue exprès, et très heureuse, sans rien dans les oreilles, à écouter les bruits de la ville.  Je dépasse une fille en une robe rouge, et je la recroise plus loin dans une rue en travaux.

Je la dépasse.

"Excuse me?"
Je me retourne. 
Elle me complimente sur mes vêtements et ma coiffure, dit que "it's very soulful". Je la remercie en italien, elle me demande si je suis d'ici.

J'avais passé la matinée à envoyer des messages à des amies à coups de "et si je m'installais à Rome? haha non hein ça sert à rien je suis très bien à Bruxelles y'a pas de raison. Bon aller peut-être si j'arrive pas à lancer mon asbl d'ici un an. Bon aller peut-être quoiqu'il arrive."

Je le lui dis.
"Mais c'est un signe! Je t'ai vue et je me suis dit que je devais te parler. Quand je t'ai recroisée je me suis dit que c'était un signe et que je devais absolument te parler. J'ai cru que tu étais romaine et toi tu veux venir vivre à Rome."

Je lui demande si elle a faim. On déjeune ensemble en parlant des moments où l'Univers à l'air de nous envoyer des signes, et que peut-être qu'on est en train d'en vivre un , là.

Parce qu'à chaque fois que je mets un pied là bas j'en reviens bouleversée pendant des jours, à me demande si je devrais y aller ou pas et à toujours me raviser avec des arguments qui émanent plus de la zone de confort que de la logique.

J'ai un nouveau but.

dimanche 12 juillet 2020

Il est l'heure de rentrer.





Il y a quelques années j'aurais encore repris une bière après que la musique se soit tue et j'aurais bu aucun soft entre. 
J'aurais essayé coûte que coûte  de me mettre à côté de lui et j'aurais bien veillé à être celle qui parle le plus fort entre elle et moi.
J'aurais accepté avec enthousiasme sa proposition de tous continuer à aller faire la fête chez lui et j'aurais lutté contre le sommeil en espérant finir dans son lit.

Mais moi et mon petit coeur (mou, gentil, pas blasé) on a beaucoup appris:  alors j'ai fini mon verre, je lui ai rendu son pull et il m'a rendu mon pull et ma veste, je lui ai dit à bientôt en tenant son visage entre mes mains parce que je suis pas une meuf subtile, et je suis partie continuer ma soirée ailleurs. Et après cette escale j'ai suivi ma fatigue, tout droit, une rue à droite, encore tout droit jusque sur la place et à droite vers mon lit, seule et contente.

Je crois que maintenant je sais quand la fête est finie. Quand elle est encore belle et qu'elle commence à s'éteindre c'est l'heure de rentrer.  Je crois aussi que c'est une métaphore.

dimanche 5 juillet 2020

(in)stabilité






Je suis revenue des toilettes, je me suis ré installée à notre petite table tandis qu'il demandait du feu à des gens à côté de nous. Il a à peine eu le temps de se rassoir que j'ai attaqué: "Dis, juste une question avec mes gros sabots, mais tu veux qu'on rentre ensemble ou tu voulais juste boire un verre?  Si tu dis non c'est pas grave hein."
Il a souri, penché la tête et dit que oui, il osait pas demander mais qu'il voulait rentrer avec moi.
La lune a éclairé notre chemin du retour et à peine passée la porte on était dans les bras l'un de l'autre comme il y a quelques mois, à se dire les choses sans les ressasser dans nos cerveaux, à se sourire en parcourant nos corps, à se dire qu'on s'est manqués depuis décembre. On s'est demandé pourquoi c'est si simple de tout se dire si honnêtement, et la réponse c'est qu'on n'est pas amoureux l'un de l'autre. C'est simple. Il va partir vivre à la campagne. C'est encore plus simple.

Cette jolie surprise me donne envie de plus de jolies surprises, et je sais que je veux partir à la recherche de stabilité et que ce n'est pas là dedans que je veux la chercher ni la trouver. Je veux me trouver un nouveau cocon appelé maison et un nouveau quotidien qui me permettra de manger et couvrir ceux et celles que j'aime de petites attentions, mais je veux pas que ma quête de la stabilité me pousse dans des bras qui resteraient les mêmes pendant de longs mois juste pour me rassurer. Je me connais et je sais que ma tendance à vouloir certaines choses immédiatement même si elles sont bancales  ne fera que me déservir en ce moment.

J'entends l'été qui chante des chansons au loin, j'ai hâte de danser sur des airs inconnus avec des gens qui le sont aussi encore.


dimanche 28 juin 2020

Des petites aventures.




Mes petites histoires ont repris. 
Des petits moments emballés dans du papier cadeau. Avec des rires dedans, de la nourriture gratuite de la part d'un beau serveur, des chuchotis avec ma soeur, un morceau de piano qui me donne les larmes aux yeux, deux verres qui tintent, une tablée de sushis.

L'Univers me teste un peu, il me taquine pour voir si j'ai bien compris. Promis cette fois oui. Mon téléphone est resté bien tranquillement dans mon sac après avoir croisé des visages qui normalement auraient fait réagir la chaleur qui vit au creux de mon ventre. 

J'ai encore une trentaine de jours dans mon cocon qui m'a vue déambuler pendant trois ans d'aventure en aventure, de leçon de vie un peu dure en apprentissage serein. Une trentaine de jours et je vais refaire un tour. Toujours dans les bras de l'Univers qui tantôt me bercent, tantôt me lancent en l'air. Mais qui toujours me rattrapent.


dimanche 31 mai 2020

Habitude.





Je peux compter les garçons que j'ai aimés sur une main, même moins.

J'ai besoin de deux mains et demies pour compter ceux dont j'ai aimé le corps.
Je peux compter ceux qui avaient des tatouages, ceux qui mesuraient 1m83, ceux qui m'ont brisé le coeur, ceux qui fumaient, ceux qui sont revenus plusieurs fois voir ce qu'il y a entre mes cuisses, ceux qui en aimaient une autre.
Je peux me souvenir de tout ce qui m'a menée à tomber amoureuse et tout ce que j'ai fait dans ces périodes. Et je peux me souvenir, très bien, de cette petite lourdeur dans l'estomac qui grandit et qui chuchote "y'a un problème".


Parce que ce dont j'ai l'habitude, c'est qu'au bout d'un moment, au tournant, ils s'éloignent. Subtilement, je les dépasse, sans m'en rendre compte. Et eux ils restent au tournant, parce qu'il y avait une autre route que j'avais pas vue. Ce dont j'ai l'habitude c'est que doucement j'ai plus trop de nouvelles. C'est plutôt moi qui viens et on me répond de plus en plus à demi mot. Et puis je persiste quand même parce que je suis pas prête pour les mots que je veux pas entendre. Mais mon impatience a raison de moi et un jour je leur envoie un message qui commence généralement par "Dis, *prénom*. J'ai l'impression que..." Et bam. Uppercut prémédité.


Et donc là, même si je suis pas encore sûre des sentiments qui sont en train de se construire en moi,  je suis en train de scruter le virage, je l'attends, il va arriver, il arrive toujours d'habitude, et j'attends la lassitude de sa part, parce qu'elle arrive toujours d'habitude, et je réfléchis déjà au "Dis, * prénom *. J'ai l'impression que..." qui va suivre.
Mais faut pas toujours faire comme d'habitude, hein?


UPDATE DU LENDEMAIN:

C'est pas comme d'habitude parce que j'ai vu le tournant, je me suis arrêtée, j'ai été vers lui, je lui ai montré le tournant et je lui ai dit ce que je veux pas. Lui m'a dit ce qu'il veut pas non plus. Nos envies de coïncident pas
 J'ai l'estomac léger. Lui il va par là. Moi je vais là bas. Je me demande ce qu'il y a là bas ça a l'air joli. J'ai hâte. Mais je me presse pas.

dimanche 17 mai 2020

"Et maintenant on fait quoi?"

Il m'a regardée d'un air entendu, a dit "Bon.", a fait quelques pas, s'est approché de moi, et on s'est embrassés.

Et là mon cerveau me demande ce qu'on fait. J'ai très sérieusement envisagé l'auto-sabotage: si je mets fin au truc avant que ça n'escalade et que je me casse la gueule, au moins la décision vient de moi.

Bien évidemment c'était une idée de merde que je n'ai pas mise en application. Est-ce que j'ai envie de le revoir? Oui. Est ce que j'ai envie de plus? Je commence à sentir une idée germer. Est ce que ça va se casser la gueule? J'en ai aucune putain d'idée. Est-ce que même si ça en reste là, c'était pas une putain de bonne surprise de la part de l'Univers? Oui.


dimanche 10 mai 2020

1m50

Un mètre cinquante. Un mètre cinquante c'est 19 centimètres de moins que moi. C'est un chiffre absurde qui me percute comme une massue dont j'ai sous-estimé la douleur.
Aujourd'hui la meuf qui aime pas faire la bise et qui aime pas les câlins voulait prendre sa mère dans ses bras.
Mais.
Un mètre cinquante.
Ça fait deux mois que j'ai pas vu ma petite soeur.
Un mètre cinquante.
Les bêtises des enfants au taff me manquent. Le bruit de la ville abruptement muet m'effraie un peu. Les gens sans masque. Les gens avec masque. Lui parler sans le voir. L'idée de le voir. L'été qui pointait à l'horizon et qui s'est déjà barré laissant place au vent. Les concerts ratés. Mon futur déménagement en points de suspension. Les minuscules et grandes avancées.
Un mètre cinquante.
Dix neuf centimètres au-dessus de ce qui m'éloigne de tout.

lundi 4 mai 2020

Future starts now

Seule sans vraiment l'être dans mon lit vendredi soir, on prend pas les mêmes et on recommence pas. En dansant les stores grand ouverts sur la nuit dans mon petit chez moi, j'ai retrouvé ma formule magique et toutes les possibilités déroulées au loin devant moi. Pas de plan a pas de plan b, que du possible. Il y aura toujours quelque chose pour moi quelque part, à n'importe quel instant de la journée. Une musique, un fou rire, une étincelle dans le ventre, un mot, un nuage. Et la petite décharge de nervosité qui se balade dans mon corps se transformera au gré de ce qui est bon pour moi, quand il sera temps. C'est pas à moi de décider maintenant. Booba dit que la carapace est intacte, le coeur accidenté, mais elle est partie à la poubelle la carapace, elle se décompose quelque part dans une forêt ou au bord de l'eau, elle retourne confondre ses atomes avec d'autres loin de mon esprit qui l'a créée. Et le coeur? Le coeur va bien, il rugit, il hurle de joie, il chante des chansons et il danse danse- danse danse- danse danse. Il a compris maintenant je crois, pour du vrai, que le triste sera magnifique parfois et le beau tout aussi terrible, et que c'est rien, qu'il reste entier, que personne ne va le briser, parce qu'il est mou, élastique, il fond, reprend forme. Il sait quand il a pas envie de se faire mordre et il sait aussi quand il a besoin d'apprendre encore. Et je suis là dans les limbes mais je n'ai plus peur. J'y ai été tellement de fois, je me suis déjà retournée trop de fois pour voir si on me suivait et Hadès a repris ce qu'il voulait reprendre, des gens, des projets, pour les recracher à la vie mais de l'autre côté de mon chemin à moi. J'ai rarement atterri où je pensais me retrouver mais putain quel magnifique chemin. Le chemin effacé par les orages, le chemin bloqué sans aucune autre issue, le chemin fluide, le chemin sinueux, le chemin qui fait demi-tour, le chemin où il a fait nuit pendant des jours, le chemin qui danse aussi.


dimanche 26 avril 2020

L'expérience sociale.

Qu'est ce qu'on obtient quand on met une meuf avec les hormones en vrac en confinement, avec en prime le printemps qui s'éveille mais les rues qui se taisent, un potager qui grandit, des crayons de couleur à la taille qui se réduit, des séances de sport matinales, un garçon qui glisse en dm, une idée de détachement, une liste de films qui s'allonge, une liste de choses productives à faire qui reste juste hypothétique, des appels en visio aux potes, une grosse dose d'anxiété, des antistress aux plantes, une petite voisine de 6 ans qui veut apprendre à écrire, des conversations sur l'univers, des playlists, des mains pleines de terre, des appels à la psy toutes les deux semaines, une dizaine de tentatives de cake à la banane sans four, du pollen à foison et qu'on mélange un peu?

C'est une putain de bonne question.




dimanche 19 avril 2020

Ready for who.




J'étais prête, putain qu'est ce que j'étais prête.
Le flou au loin se dessinait de plus en plus clairement. Comment j'allais arrondir les fins de mois jusqu'à l'été, puis vers quoi j'allais chercher pour qu'ils ne soit plus si anguleux en septembre. Commencer à chercher des apparts, pas trop loin, avec du parquet, ou un tout petit balcon sur lequel des plantes pousseraient enfin, ou une cuisine ouverte d'où je nourrirais les gens que j'aime. Rendre mon projet professionnel réel une rencontre à la fois. Sentir l'odeur du soleil, ranger les pulls, sortir ma robe à fleurs, croiser un regard, un qui brûle plus que les autres, du plus joli des feux, celui qui circule de mes mains vers mes reins et qui m'embrase quand on m'embrasse. Penser à quelqu'un qui n'existe pas encore dans mon petit cosmos en écoutant des musiques un peu adolescentes. Vivre mes petites aventures du quotidien, rentrer tard, considérer l'apéro improvisé en terrasse comme un repas, compter mes bonheurs sur mes doigts et manquer de mains.

Dans mon bocal je tourne, je range un peu, je m'assieds à table face à moi-même, j'ausculte encore un peu mon âme, un peu plus loin, là où ça fait un peu plus mal. Entre deux distractions j'analyse pourquoi je me suis sentie comme l'année de mes 18 ans quelques journées. Pourquoi j'ai rien senti, du tout, tout d'un coup, entre deux bouillonnements. Entre une série et la vaisselle je m'entraîne à pleurer comme la psy me l'a suggéré. Entre une soupe et une promenade je me rends compte que mon cerveau croit tellement être prêt à être aimé en retour qu'il a inventé quelqu'un qui n'existe pas pour me projeter des romances de quelques secondes quand je rêvasse. Mon gsm continue de vibrer à chaque notification du calendrier mis sur pause et me rappelle que cette bulle aux airs de dystopie est temporaire. Que y'a rien d'autre à faire que d'essayer de m'asseoir encore un peu avec les morceaux de moi qui me font peur, les regarder bien dans les yeux jusqu'à ce qu'ils baissent les leurs. 

dimanche 22 mars 2020

Penser/panser.

J'ai envie d'être à la montagne. J'ai envie qu'elle m'embrasse. J'ai envie que ce soit l'été. Je veux entendre mon rire résonner dans l'air. J'ai envie que les choses changent après. J'ai envie qu'on soit plus empathiques. Qu'on fasse plus attention aux moins privilégiés. Je veux manger des pancakes. J'ai mangé des pancakes. Faut que je fasse du yoga. Et si je mettais tinder? Non. Oui. Non.
Le ciel est bleu. J'ai envie de faire l'amour. J'vais faire du yoga. Et si j'envoyais un message à mon ancien amant? J'ai envoyé un message à mon ancien amant. Putain qu'est ce qu'il fait beau je vais lire allongée par terre dans ce rai de lumière. Demain on est en confinement total. J'ai fait un live sur insta. Merde j'ai mangé presque tous les schokobons. C'est facile à faire les frites de patate douce? Ah oui. Hé en fait après le confinement une grosse partie des gens en seront au même point niveau disette sexuelle. Putain quel privilège d'avoir un jardin, d'avoir des voisins proches (mais à 1m50 quand même). Et si je m'inscrivais à un cours en ligne sur la mythologie gréco-romaine? Ah ouais. Ouais. Ma gorge gratte. Oh non.  J'en ai marre des gens qui voient un grand message de l'Univers derrière ce virus. Faut qu'on renverse le capitalisme. Putain pourquoi j'ai personne avec qui intensivement flirter par messages. Jvais allumer une bougie pour que quelqu'un m'envoie des sextos.
Merde je suis pas syndiquée. Il me reste plus qu'un pamplemousse. J'ai l'impression d'aller rejoindre un amant secret en allant faire mes courses en même temps que ma meilleure amie à 1m50 de distance. Une personne à la fois à la pharmacie. Je la serre dans mes bras mentalement. Ma grand-mère me dit d'apprendre une nouvelle langue. Jvais mettre duolinguo. Ça fonctionne sur les sourcils l'huile de ricin? Putain qu'est ce qu'elle est belle. Deux fois plus belle quand elle dit mon prénom. Ça fonctionne sur les cils l'huile de ricin?
Il est 6h. Pourquoi je suis réveillée moi. Il est 7h. Bon je me lève? Je fais du yoga d'abord. Non j'ai faim. Comment ça un article du Parisien dit que le pic ne va chuter que mi-mai. MI-MAI? Jvais plus jamais avoir de rapports sexuels de ma vie. Il est 11h. Putain j'ai rien fait. Je vais demander à mes abonné.e.s quels sont leurs sons pour danser tiens ça fera passer le temps pour tout le monde. Dernier carré de chocolat. Il me reste une plaquette et demie mais celui là c'est le vraiment très bon. C'est marrant de skyper à 4. 20h. Goutte de pluie qui tombe sur mon visage. Clap clap. Clap clap clap clap clap. C'est bien de danser en cuisinant sur le set live des copains. Jsais pas comment je ferais sans wifi là. Qu'est ce que je suis privilégiée putain.
Et si je faisais des abdos? Wah bordel ça fait mal. Quel jour on est en fait? Ma playlist dansante du confinement dure 3h33 d'après le screen que Rebecca m'a envoyé. C'est marrant de s'appeler en visio. Comme si on avait oublié à quoi nos ami.e.s ressemblent. J'irai faire les courses de mon grand-père dans quelques jours. Jveux pas qu'il sorte de chez lui. Tour dans le jardin, 1m50 de distance mais les coeurs proches proches proches. Si ce soir je me fais des champignons sautés, du chili demain midi et des lentilles demain soir je peux aller faire des courses tranquille lundi matin. Oh non j'ai fini les biscuits. Ma voisine a mis les pretenders très fort. On danse sur nos pas de porte en sautillant. Margot traverse le jardin et sautille avec nous. Putain si je meurs bon tant pis c'est pas grave mais si quelqu'un que j'aime meurt je vais jamais tenir le coup j'ai jamais connu le deuil je vais pas y arriver. Tiens tiens tiens qui sort des bois et like mon post facebook. J'ai envie de ravoir des discussions sur le capitalisme avec lui. 20h. Clap clap clap clap clap clap clap. Je me demande si on est de plus en plus à aussi applaudir pour les livreurs et livreuses, caissiers et caissières, éboueurs et éboueuses, pour tous les précaires.
Aujourd'hui j'ai pas envie d'exister. J'ai pas envie de mourir mais j'ai pas envie d'exister.  Il me faut vraiment des ciseaux pour cheveux. Une pote me demande si je peux lui passer du porno féministe sur son disque dur. Skype bug. J'arrive pas à distinguer le rire d'Asma du mien. Je fais le tour du bloc les mains dans les poches. Les flics à vélo disent au gens de dégager de la place. Le soleil s'en fout. Margot reste sur le pas de sa porte, je m'assieds dans la cour. 2m de distance. Ptet 3. J'aime pas les câlins mais je crois qu'aujourd'hui j'en veux un. Je crois que j'ai envie de pleurer. Jsuis pas sûre. Tous les dimanches on se fait un résumé de notre semaine avec Ugo. Mais ça fait une semaine que c'est dimanche. 20h. Clap. Clap clap. Les étoiles sont de sortie ce soir. Elles aussi elles s'en foutent.

dimanche 23 février 2020

La patience.







J'ai pas écrit dimanche dernier. J'ai fait exprès de pas écrire. Un peu à cause de la fatigue, beaucoup pour voir où j'en serais une semaine plus tard.

J'ai l'impression d'avoir vécu deux vies différentes en deux semaines, avec deux aspects de ma personne respectivement aux antipodes l'une de l'autre. La petite fille anxieuse apeurée et l'adulte stable en devenir qui la tient par la main. La semaine dernière mon visage tendu trahissait mes pensées toutes plus catastrophiques les unes que les autres; alignées comme des dominos qui allaient tomber au plus petit mouvement; tendue comme un arc au coeur de la fête et des invités dansants, ne me permettant de respirer qu'une fois tout le monde parti, affalée dans un canapé à deviser de la vie et la grande aventure de la maturité. 
Trois heures de sommeil et une conversation profonde en passant le balai plus tard, j'étais redevenue une des autres facettes de moi: celle qui parle d'une voix posée, à l'écoute, qui conseille.

La semaine dernière j'ai rêvé que je me noyais et que tout le monde autour de moi flottait paisiblement, jusqu'à ce que je me rende compte que j'arrivais à respirer sous l'eau. 
J'ai pris rendez-vous chez une psy. J'ai communiqué avec mes proches, verbalisant même les choses qui me paraissent logiques. J'ai décidé d'être patiente avec moi-même. De laisser de la place à mes émotions. De retenir qu'elles fluctuent. Et que les rechutes arrivent. Que grandir et évoluer n'est pas linéaire.

Mon anxiété ne va pas partir entièrement un beau jour mais je peux apprendre à respirer sous l'eau.


dimanche 9 février 2020

Un lion dans la tempête.

Dehors la tempête secoue les arbres dont les ombres dansent à travers ma fenêtre,
et dans mon coeur elle se calme.
Elle s'est levée petit à petit sans que je m'en rende compte, causée par une brise puis une autre, si faibles individuellement mais additionnées les unes aux autres depuis un mois environ elles ont soulevé une tempête qui a éclaté samedi matin attablée chez moi, mon téléphone entre les mains, la pluie qui tombait depuis mes yeux.

Mes insécurités grandissent et se prennent pour un lion pour que j'aie moins peur, mais mon lion est en cage et tourne en rond encore et encore et il voit la porte grande ouverte mais il préfère tourner parce qu'il a peur de ce qu'il y a dehors en fait. Et plus je suis insécure plus le lion rugit, et fait le beau, et veut qu'on lui dise qu'il est beau et fort et que oui on le voit et que oui c'est très bien, oh quel beau lion, oh quel beau rugissement, oh quelle belle crinière. Et quand plus personne n'est là pour admirer le lion le lion panse ses blessures en les léchant encore et encore mais elles guérissent pas comme ça, pas quand on les cache, pas en faisant comme si elles n'étaient pas là à chaque fois que quelqu'un suspecte leur présence.

Ces temps ci les mots se bousculent hors de ma bouche et mes gestes sont grands et il faut qu'on me voie et il faut que je rie fort et il faut que je raconte cette anecdote même si le contexte ne s'y prête pas et est ce qu'on me voit est ce qu'on me voit est ce qu'on me voit?

Il est temps que le lion sorte de la cage et qu'il parte avec la tempête. Le lion revient toujours, le lion dort quelque part en moi, mais c'est à moi de comprendre ce qu'il veut, ce qu'il dit, et pourquoi il vient, et surtout, surtout, laisser les blessures à l'air libre une bonne fois pour toutes. Pour cicatriser. Pour du vrai cette fois ci. Avec de l'aide.

dimanche 2 février 2020

All my friends.




Je crois que plus je grandis, plus je comprends que le concept d'un amour d'une vie, c'est exactement ce que c'est. Un concept.
Et que les amours de ma vie c'est mes amis, en plus des membres de ma famille dont je suis le plus proche, et de moi-même dans les moments où je danse en culotte en mettant des produits hydratants sur mon visage.
J'ai repris mon rythme habituel cette semaine, mon corps est encore fatigué mais tellement bien entouré de tous ces amours.
Les amours de ma vie me disent vouloir passer plus de temps à faire des choses anodines avec moi,  les amours de ma vie testent leur toute première recette de gratin avec moi, les amours de ma vie farfouillent dans leur porte feuille pour les centimes manquants pour que je me prenne un truc à manger, les amours de ma vie posent une boisson devant moi au bar sans que j'aie rien demandé, les amours de ma vie courent sur des centaines de mètres pour pas arriver en retard à notre rendez-vous au cinéma, les amours de ma vie me rappellent de faire attention à moi et à ma fatigue, les amours de ma vie m'offrent le petit dej à leur boulot, les amours de ma vie m'écoutent résumer trois ans en une soirée, les amours de ma vie dansent avec moi sur un sol collant sans se soucier du reste.

dimanche 26 janvier 2020

Non merci.


Ca fait à peu près deux semaines que j'ai le temps de m'ennuyer. Mon ennui des plus profonds dans ma chambre d'hôpital (tout va bien) m'a fait me rendre compte qu'on prend tellement pour acquis notre habilité de mouvement, et que le fait de pas devoir mettre dix minutes à aller pisser c'est quand même un putain de privilège. Mon ennui plus superficiel chez moi, entourée de bouquins d'astrologie, de liste de films pseudo-intellectuels et de recherche de routine capillaire pour cheveux ondulés sur youtube, m'a permis de me rendre compte qu'il va vraiment falloir que je me trouve un second job qui me plaît tout autant que le premier car plus que l'inactivité, je déteste l'activité vide de sens, et tout ce vide dans mon cerveau qui prend encore un peu l'air m'a fait me rendre compte que je suis de nouveau entrée dans une de ces périodes sacro saintes de ma vie où je ne kiffe personne.

P E R S O N N E

L'hiver se cogne aux vitres de mon petit chez moi, le chauffage essaie de m'apporter toute l'aide qu'il peut, mes pulls se multiplient et se font des câlins par dessus ma peau, je m'enroule comme un serpent qui regrette sa mue sous ma couette et pourtant mon coeur n'est pas parti à la chasse aux amants imaginaires. Bon aller je mens, mais si peu. Tant que les amants sont imaginaires le cerveau reste alerte à la vie. Mais c'est quand le toucher devient réel et les textos existants que j'ai envie de jeter mon téléphone par la fenêtre et de trouver une forme éphémère de lobotomie. Au détour d'une conversation avec ma mère je suis parvenue à la conclusion sécurisante que les mecs de mon âge ne me satisferont jamais. Comme si ça faisait maintenant autour de moi un bouclier invisible que les moins de trente ans ne peuvent pas traverser. Mais la vérité la plus profonde c'est que les boucliers m'ont toujours rassurée par effet placebo plus qu'autre chose. En fait là y'a pas de bouclier, le bouclier il est intérieur, il se résorbe et revient par surprise et me fracasse parce qu'il est lourd à porter et trop souvent il me tombe dessus. Et je me suis souvent retrouvée immobilisée par ce poids affaiblissant à ne pas savoir ni avancer ni reculer, après avoir couru en cercle à l'infini sans savoir si je pourchassais ou si j'étais pourchassée, si j'avançais ou si je reculais.


Je sais pas pourquoi j'en suis de nouveau à parler d'amour, d'amourette et de tous ses dérivés à préfixes et suffixes aléatoires. Je pense que c'est un de mes mystères préférés, et je crois toujours que je préfère quand il se passe rien, parce que quand il se passe rien tout pourrait arriver. J'ai pas envie de bien aimer quelqu'un et que ça m'empêche d'être ici et maintenant à 100% parce que peut-être qu'il sera à telle soirée et il m'a dit qu'il me disait quoi mais il m'a encore rien envoyé et tu crois qu'il voulait dire quoi quand il a dit ça, mais quand il a dit ça il a fait ça, ça veut dire quoi ça. Non merci. Je vais laisser l'armure au placard. Mais je garde mon cerveau.





dimanche 12 janvier 2020

Merci.


On n'est qu'au douzième jour de cette année et j'ai l'impression de déjà avoir level up comme dans les jeux vidéos auxquels jouent ma soeur et mon père le dimanche.
La vie me sert des package d'apprentissage express sur des plateaux qui défilent devant moi, et certains sont vides. Je suis pas prête les gens sont pas prêts l'univers est pas prêt.
Tout est éphémère, les moments sont des moments, un appel téléphonique inattendu transforme une soirée puis au final tout un état d'esprit, des leçons prises avec un grand sourire un jour me déplaisent le lendemain soir et je me trouve à insulter la pleine lune en sortant de chez moi à 21h21.

Cette année je veux croire en moi et aux limites, aux conversations autour de verres de vin rouge trop chers, aux nuits de sommeil qui transforment le désarroi en réflexion constructive, aux vestes jaune poussin, aux amis qui s'aiment à travers tout, je veux croire en tout.


mercredi 1 janvier 2020

L'épisode final.


(j'ai écouté cette chanson au moins 20 fois aujourd'hui, et je pense qu'elle souligne très bien tout ce que j'écris ici.)


Je crois que la nuit du 31 décembre 2019 au 1er janvier 2020, il y a eu un bug dans la matrice. Ou alors un moment de clarté offert par un Univers bienveillant. C'est si cliché à dire mais j'ai senti des fins se mélanger à des débuts. Cette soirée s'est ouverte, offerte, retournée sur elle-même, m'offrant un résumé spectaculaire de l'année passée et comme un tout petit extrait des années à venir. La nuit aux odeurs de feux d'artifices faits maison et de bières renversées m'a fait voir tout ce que j'ai appris cette année en résumé express auquel je ne m'attendais pas.

A minuit j'étais entourée de gens du passé et de gens du présent, dans une cohue de serpentins et de cava dans de rares coupes, je me suis revue quelques secondes comme j'étais quand je les ai connus, dans des soirées qui commencent et ne se terminent pas et je n'ai de similaire que le prénom et le rire beaucoup plus vrai qu'avant.
Mais je sentais que j'avais envie d'aller à une fête où il y avait un plus grand nombre de gens que je connais alors j'ai passé un appel, dit à Margot que je voulais aller jeter un oeil à une autre soirée et j'ai laissé mon anxiété se mordre la langue. Elle a souri grand avec ses yeux et sa bouche et on s'est dit à plus tard en se prenant dans les bras.

Apprentissage numéro un: Ne pas culpabiliser autant, tout le temps, pour tout.

Vers trois heures je suis donc partie seule dans les rues avec un soupçon d'ébriété dans les veines qui me donnait assez de rien à foutre que pour ne pas sursauter aux bruits de pétards et pour entrer dans une soirée chez des gens que je ne connais pas, aux trois étages remplis, à la recherche de quelques visages familiers. Rez de chaussée, de la musique, copine 1, copine 2, retrouvées en un clin d'oeil et perdues en deux. Je me retourne, vois une autre pote qui n'a rien à voir avec le groupe qui m'a conviée. Je monte les escaliers, je croise une amie, on crie, câlin. Sur le palier suivant, pareil avec une autre. Dans la file pour les toilettes, la fille devant moi et moi, on se scrute, on se reconnaît, c'est une amie de mon ex de quand j'avais 17 ans.  Je redescends, je croise le meilleur ami d'un pote "HEY SALUT!!!! Leo est là? Enfin euh salut." Je vais sur la terrasse, je croise une copine que je ne m'attendais pas à croiser "C'est fou j'arrête pas de croiser des gens qui n'ont rien à voir les uns avec les autres, mais genre rien à voir et ils sont tous ici!" "Mais Meredith t'as pas compris?  On est dans une série et c'est l'épisode final où tous les personnages se retrouvent au même endroit par hasard." 
Je ressors, je croise un pote de ma grande bande, il a perdu ses copains. Je redescends, je croise Martin dans l'escalier, je descends encore, je dis au revoir à des copines qui partent, je danse, je remonte, Martin veut partir, il a plus de batterie, j'appelle Quentin, il est à l'appart avec la clique.
Martin veut ramener les autres qui sont ici, il hésite, on descend, à moitié, on attend, on se retourne, on attend encore, au coin de la rue, je re traverse "Bon les gars vous faites comme vous voulez, moi j'ai envie d'aller là bas, et maintenant, au pire j'y vais seule". Martin salue les autres, on saute dans un taxi.

Apprentissage numéro deux: Ne pas attendre qu'on se bouge à ma place si je veux quelque chose.

On passe le pas de la porte et c'est une avalanche sonore de "Méréééééééééééé!!!" qui m'accueille. Le gang est là, on me prend dans les bras en me disant des "bonne année" qui viennent du coeur et du foie.  Je scrute la pièce. Il n'est pas là. Je m'installe sur le canapé et je parle de lui aux copines. C'est un choeur de regards bienveillants associés à des mots décourageants qui répondent à mes phrases qui dégoulinent d'envie. "Attention à ton petit coeur." Le téléphone de Marie sonne. C'est lui. Je ne pose pas de questions.  Je veux pas savoir s'il vient. Je veux pas savoir où il est. Je veux pas vouloir. 

Apprentissage numéro trois: Ne pas avoir d'attentes. Ou en tout cas, les diminuer. Parce que de tous les films qu'on se fait, c'est le seul scénario auquel on a pas songé qui arrive.

Quentin veut bouger, je décide que je préfère le suivre. On va quelque part où on ne sera peut être pas acceptés. Il est cinq heures. A l'avant du groupe, Quentin me dit qu'il est là bas, mais qu'il y est avec une fille et qu'il préfère que je le sache. J'hoche la tête. On arrive devant la porte, une groupe de gens (probablement les habitants) nous posent quelques questions. Deux des copains sont déjà entrés, on est quatre à être sur le pas de la porte face à un mec a l'air las de fin de soirée qui ne veut pas d'inconnus chez lui. Je suis calme mais un peu sèche, je demande à au moins dire à mes amis déjà entrés que nous ne pouvons pas. Finalement il nous laisse passer. Peut-être que l'univers lui a donné un instinct de cerbère parce que je n'avais rien à faire là.
Je croise une pote "Mais qu'est ce que tu fais là??" "Je sais pas je connais personne." "Hahaha c'est chez mon mec!"
On reste au pied des escaliers à trois, les autres partent explorer ce microcosme à la recherche d'un peu de familiarité. Juste quand je dis à Marie que je sens qu'on va pas rester et que je vais rentrer plutôt que de tenter de m'incruster ici, Quentin revient victorieux de sa chasse aux potes. Il est là dans l'encadrement de la porte, il me sourit, au bout de quelques secondes on reprend notre jeu habituel, il me charrie et moi je suis séduite d'une part (du côté des hanches) et j'ai envie de mettre des barrières kilométriques de l'autre (du côté du coeur). Les autres vont partir. Quelqu'un s'apprête à faire du crowdusrfing et risque de lui atterrir dessus. Il ne le voit même pas parce qu'il me parle. Je le prends par les épaules et je le décale de quelques centimètres. Mes hormones aimeraient mettre mes mains partout ailleurs sur son corps aussi. Je lui dis au revoir. Je veux pas rester ici alors que je connais personne. "Mais si tu me connais moi! Et y'a plein de trucs à explorer ici, aller viens explorer avec moi." Je le suis, un peu amusée mais je sens la barrière qui se met en place pour me protéger. "Je vais vraiment y aller." "On se voit une prochaine fois?" "Oui". Non. Pas à deux, pas tout seuls. Mon cerveau était déjà en train de réfléchir à ce que je lui dirai exactement le jour où il tentera une approche si ce jour arrive, comment résumer en quelques phrases qui rentrent dans un texto à quel point c'est une mauvaise idée de faire se croiser nos envies, qui je le sais ne sont pas du tout les mêmes. Je rejoins les autres. Il manque Quentin. Je fais demi tour. Il était avec lui. Je lui fais un petit salut. Mes hanches imaginent les dessins qu'elles pourraient faire avec les siennes mais le reste de mon corps me dit qu'il est l'heure de partir et que les tableaux qu'on pourrait peindre resteront un mystère. Pour le bien de mon coeur, celui qui est mou et qui a envie d'autre chose.

Apprentissage numéro quatre: écouter son instinct. Le vrai, celui qui préserve. Celui qui me dit que je vais être un plan B, et que je n'en suis pas un. 

Bisous aux copains. Câlins. Une rue à descendre, une rue tout droit, une rue à remonter et je suis à la maison. Je suis les lumières au sol, j'entends les basses en haut, j'entre, ils dansent encore comme si j'étais partie il y a cinq minutes. Je me faufile entre les "hein mais t'étais où?" de certains, je m'isole avec Margot, elle me raconte ce que j'ai loupé, je lui raconte que j'ai mis une barrière pour me préserver. Il est bientôt sept heures, je descends dormir.
J'ouvre les yeux il est onze heures. J'enfile mes fringues, je prends un fruit, je remonte. C'est comme si le temps passait autrement là haut, ils dansent encore. "Attends mais t'étais où?" "Bah je dormais". Je donne un fruit à Margot, je demande s'ils ont bu de l'eau. Ils se passent des verres, je prends Margot dans mes bras, je les regarde partir continuer leur fête sans fin pour aller me recoucher.

Apprentissage numéro 5: transformer mon empathie en compassion. Je ne suis pas la maman des autres, je ne suis pas non plus là pour les soigner. Je peux me soucier des autres mais pas au détriment de moi-même.


J'ai vu le serpent se mordre la queue, mais avant d'ouvrir grand la bouche il a mué, et laissé son ancienne peau dans le passé. La boucle est de nouveau prête à démarrer, mais c'est un nouveau cycle qui se présente et je n'en connais pas encore les écailles.