dimanche 31 décembre 2017

Douze moi(s)


J'ai commencé l'année 2017 en n'étant plus amoureuse de quelqu'un qui m'aimait fort.

Et je la termine en aimant quelqu'un qui ne m'aime pas en retour.

Le point commun entre le début et la fin c'est que j'ai tout cet amour qui déborde de mes mains, mes poches, ma bouche, et je ne sais pas quoi en faire, et entre les deux j'ai appris à ne plus le mettre là où il ne fait rien fleurir. J'en ai laissé un morceau, un tout petit, une bouture minuscule, je l'ai mis dans sa main mais il ne l'a pas vu je crois. Parce que je lui ai menti, mais j'ai tellement bien menti que moi-même je pensais dire la vérité quand cette après-midi là au téléphone je lui ai dit "mais je suis pas amoureuse de toi." Peut-être qu'il l'a écrasé. Peut-être qu'il rouvrira sa main plus tard et qu'il saura quoi en faire. Peut-être peut-être peut-être. Peut-être que j'en ai assez de me noyer dans une mer de "et si", peut-être que je prends le large, je vais là où je n'ai plus pied et je flotte. 

Toutes mes rencontres de cette année ont tour à tour été des bouées ou des vagues trop grandes pour moi. Les deux se mélangent et j'apprends à me laisser porter.
Ce soir aux onze premiers coups de minuit je penserai à toutes mes rencontres de cette année qui m'ont touchée, blessée, émue, forgée. Et au douzième, je penserai à moi.

 
 

samedi 30 décembre 2017

Des étincelles.




"Enfin!" Jeanne s'est avancée vers moi en s'exclamant et m'a prise dans ses bras.
Je suis amoureuse de lui et je l'ai verbalisé sans y penser. 
Ca passera un jour. Dans quelques semaines. Dans quelques mois. Un jour.
Parce que lui, il ne m'aime pas. Il ne m'aimera pas. C'est pas le moment. Pas maintenant. Et "pas maintenant", ça veut dire jamais.

Peut-être que j'ai été amoureuse une seule fois, peut-être jamais, peut-être mille. Peut-être que j'ai tout enfoui dix fois, cent fois. Et mes mots sont tombés dans mes poumons, dans mon estomac, dans le bout de mes doigts, faisant couler leur poison. Alors j'ai senti les épines sur ma langue et je les ai fait sortir. Je suis amoureuse de lui. Je refuse de porter ces mots comme un fardeau. Ils se promèneront près de moi jusqu'à ce qu'il soit temps qu'ils partent. Mais je ne veux pas qu'il sache .Je veux que le pouvoir reste le mien.

Je me suis lancée dans le plus long monologue de mon existence.
On a reçu un pouvoir magique à la naissance, nous, les artistes. On est mortes mille fois et renées mille autres. Le triste devient tragique et le beau devient extraordinaire. On vit. Trop. Mais on vit. Et on a des histoires à raconter avec les outils que nos erreurs nous ont donné. Des histoires à raconter en nous-même. Que pour nous.
Pendant quatre ans et demi j'étais le petit nuage de fumée d'une bougie qui venait de s'éteindre. Puis je suis devenue un feu de forêt. Maintenant j'essaie de me maîtriser. De réchauffer ceux qui sauront quoi faire de moi. De ne pas immoler les autres.

Et j'ai peur. Je me force à me contenir encore un an. Peut-être deux. Peut-être dix. J'ai peur de vouloir re devenir une bougie éteinte. De ne plus avoir d'histoires à me chuchoter. Peur de redonner tous les mots à quelqu'un d'autre, quelqu'un qui aura de quoi les remettre dans le bon ordre et faire de moi une seule version de moi-même. La version la plus silencieuse, la plus effacée. La plus éteinte.

Le feu réchauffe, le feu brûle, le feu détruit. Le feu fait table rase pour qu'on puisse mieux reconstruire.

Je mets le feu à mon coeur.


mardi 26 décembre 2017

Lettre au dernier qui m'a touchée.


Si je t'avais en face de moi il y aurait tellement de mots qui se bousculeraient dans ma bouche que je ne saurais pas lequel lancer en premier.
Alors je me tairais, je crois.

Dans quelques mois je sais que je comprendrai que tout ça ne voulait rien dire. Qu'il n'y a pas de signe où que ce soit ailleurs que dans mon imaginaire.
Que ça ne veut rien dire qu'on a vécu à une rue l'un de l'autre pendant un an ou plus, que ça veut rien dire que j'aie connu tes potes des années avant de te connaître toi, que ça veut rien dire que je voie souvent la personne qui t'est la plus proche, rien, rien, rien.
La seule chose à retenir c'est que maintenant je ne freine pour personne. On me suit ou pas, moi j'avance. Et je ne me retournerai pas pour ceux qui de toute façon n'allaient pas marcher avec moi.

Je laisse ce présentiment que j'ai, qui me dit qu'on s'est juste rencontrés au mauvais moment et qu'on se re-rencontrera plus tard, dans des années; que dans un monde parallèle mais pas trop, un monde où j'aurais le temps et l'envie de tout ça, j'aurais été amoureuse de toi; devenir un murmure jusqu'à ce que je l'oublie, jusqu'à ce que je parle une autre langue.


samedi 23 décembre 2017

"Mais tu vis déjà ta best life".

Assises adossées à la vitrine d'un bar de notre quartier, entourées du brouhaha du vendredi soir avec A-Ha en fond sonore, Lidia m'a dit ça entre deux gorgées de vin chaud.

J'ai pris une petite seconde pour faire faire sept fois le tour de sa phrase dans mon cerveau et j'ai reconnu qu'elle a raison: je vis déjà ma meilleure vie.

Je galère avec la thune, je suis pas l'étudiante la plus assidue, mais le plus souvent mes larmes sont des larmes de rire, j'ai trouvé la chose à faire qui me donne envie de me lever le matin, j'ai enfin fait lire des poèmes à moi à des poètes, j'ai pas peur d'aller faire des choses seules et je trouve de la beauté dans toutes les choses.

L'univers m'a recueillie en morceaux dans ses bras, m'a laissée me recoller par essai et erreur et maintenant j'ai plein de place dans mon coeur. De la place pour plus de rires, de la place pour plus de gens, de la place pour plus d'erreurs, mais elles seront toutes magnifiques.


jeudi 14 décembre 2017

Bébé serre moi fort.

C'est drôle d'enfin me rendre compte que les choses qui me remplissent l'âme sont peu nombreuses.
Tout ce qu'il me faut c'est la ligne de basses. 
Les ami.e.s qui me serrent l'épaule.
Eventuellement une bière à la main.
Les lumières qui m'aveuglent de manière réconfortante.
Et danser, danser encore.
Seule.


dimanche 10 décembre 2017

One of the boys.


Je crois que cette année j'ai appris mille leçons aussitôt oubliées.
Mais je crois que j'en ai appris une nouvelle hier soir entre deux fous rires.

Il y a des petits bouts d'amour partout. Ils volent comme des nuages de poussière qui dansent dans les rayons du soleil. Parfois ils passent totalement au dessus de moi et parfois je les reçois en plein dans les yeux, en plein dans le coeur.

Un petit morceau dans la voix de ma meilleure amie qui s'ennuyait et voulait papoter, un petit morceau dans sa main tendue vers la mienne pour me faire danser alors qu'il y a encore quelques mois je pensais jamais me relever des émotions qu'il m'avait faites vivre sans le savoir, un petit morceau dans ma chute vers le sol entourée de mes copains trop hilares pour me relever, un petit morceau dans ses baisers émus sur ma joue après avoir reçu son cadeau d'anniversaire.

De l'amour partout, partout, que je respire et que je garde en moi et qui parcourt mes veines et qui nourrit tous mes mots, de l'amour dans mes poumons qui me gonfle de courage, de l'amour dans mes yeux qui fait briller le futur, de l'amour dans mes oreilles qui fait taire mes doutes. 

Quelque part dans le 16è arrondissement de Paris.

jeudi 7 décembre 2017

The good place.

Attablées dans un restaurant pseudo mexicain dans une rue commerçante de Stockholm, on s'est toutes scrutées et on a réfléchi à trois mots pour se décrire les unes les autres, notre amitié vielle de dix ans accélérant le temps de réflexion.
Quand mon tour est venu, Asma a dit "fragile, mais pas fragile/fragile, fragile genre écorchée vive. Fragile genre...vivante." Caroline a dit "carapace". Parce qu'à force de croire que je le suis, j'essaie de me donner des airs durs, parfois. Pour pas qu'on vienne m'embêter, peut être inconsciemment. Pour pas qu'on vienne m'aimer puis partir après. Pour pas me compliquer la vie. Pour faire le tri entre ceux qui viennent dans ma vie pour une saison et ceux qui comptent rester. Peut-être. Marie a dit "généreuse".  Parce que parfois je sacrifie mon petit déj pour quelqu'un qui en a plus besoin que moi. Parce que même dans la déch de la fin (ou du milieu ou du début, parfois) du mois j'ai toujours envie d'offrir. Parce que rendre heureux ça me rend heureuse.

Je laisse novembre et son brouillard derrière moi. Je laisse la brume de mon cerveau sortir par ma bouche une dernière fois avec des lettres qui forment son prénom, et il s'évapore.


dimanche 3 décembre 2017

Le plus grand puzzle du monde.

Quand j'étais petite j'aimais pas les spaghetti.
Je trouvais que ça ressemblait à des vers de terre.
J'aimais les tomates cerises, j'en mangeais tout le temps puis j'ai arrêté pendant une dizaine d'années si pas plus.
Est ce que j'aime les tomates cerises maintenant? Est ce que je les ai toujours aimées? C'est quoi ma norme?

Cette métaphore culinaire montre que je ne pars pas à la découverte de qui je suis au plus profond de moi-même: je construis qui je suis. Je vais me construire bloc par bloc et tout détruire et tout recommencer jusqu'à ma mort. Il n'y aura pas de grande révélation, pas de découverte extraordinaire. Je suis une maison en travaux. Il y aura des ères où mon âme sera une porte vitrée et d'autres où elle sera une porte blindée.

Cette année j'ai éclaté en un milliers de pièces de puzzle. Parmi les pièces je vois des émotions qui débordent et pourtant de la réserve, de l'attachement et de la nonchalance, je vois de l'amour et de la peur.

Et je finirai sur une citation de ma soeur de 7 ans, qui après avoir dit à sa maman qu'elle n'aime pas les gaufres, s'exclama le lendemain: "Quoi t'as donné les gaufres? C'est la dernière?" "Mais t'as dit que t'aimais pas" "Oui mais ça c'était hier!".