dimanche 13 décembre 2020

Closure.

J'ai appuyé sur la touche envoyer.

Le petit marqueur bleu s'est affiché immédiatement à côté.

Un poids s'est soulevé et ma poitrine et mon ventre m'ont soudain paru plus légers.

Peut-être qu'on sera de nouveau dans la vie l'un.e de l'autre un jour, peut-être jamais.

Mais au moins ma cage thoracique n'enveloppe plus mon coeur d'une façon protectrice à l'en étouffer. 

Elle le tient juste en place maintenant.

dimanche 6 décembre 2020

Le cycle de l'eau

 "Jsuis trop vieille pour avoir un chagrin d'amour."

Ugo a ri, d'un son un peu métallique, à travers mon téléphone.

Je me suis vue en petit, floue, à travers les larmes, un peu rouge, un peu penaude, un peu con con, un peu dramatique en cette fin de dimanche après-midi.

J'ai passé deux heures à pleurer. Ca a commencé un peu dans le tram. Mes yeux se sont remplis à ras bord. Y'avait deux femmes devant moi qui se parlaient, assises en travers des sièges. Espagnol, un truc du style. J'essayais de pas regarder mon reflet. J'ai écrit un poème et les larmes ont fait marée basse. J'ai passé la grille et maon coloc sortait justement de chez nous avec sa copine, pressé.e.s. 

Le premier truc que je me suis dit c'est que j'allais pouvoir pleurer tranquillement. Ce qui est étrange pour une personne comme moi qui a passé une dizaine d'années à trouver ça normal de ne pleurer que deux à trois fois par ans.


Je suis montée dans ma chambre, j'ai jeté ma veste par terre et je me suis laissée tomber sur mon lit en même temps que mes larmes. Je me suis redressée parce que je devais ranger quelques trucs. Toujours les joues mouillées j'ai été remplir ma gourde à la cuisine. Pleurer ça déshydrate. Je vidais ma gourde, je tachais mon lit de larmes. Je remplissais ma gourde et je remplissais mes yeux, ça n'en finissait pas.  Je me demande si les larmes qui s'évaporent se retrouvent dans le cycle de l'eau.

En espérant peut-être raccourcir les larmes en augmentant subitement le débit j'ai écouté des chansons qui parlent d'amour, certaines de la playlist que j'avais créée avec iel. Le débit a augmenté mais s'est prolongé aussi. J'ai écrit dans mon carnet comme si je m'adressais à iel. En plein coeur du cyclone de larmes tout paraît insurmontable. Et même en en ressortant il y a encore des choses que j'arrive pas à intégrer dans ma tête.

Tous les chagrins d'amours sont uniques à leur façon. Mais celui ci ne ressemble pas aux autres parce que pour la première fois, je ne suis pas toute seule dans ce chagrin. La personne en face aussi a besoin de temps pour passer à autre chose et ce concept m'échappe totalement. Que ç'ait été réciproque. Ca paraît plus logique dans ma tête de me dire qu'iel en jamais eu rien à foutre de moi, que c'était une fois de plus à sens unique, qu'iel me déteste, même, peut-être. Toutes ces idées me paraissent plus plausibles que de me dire qu'en fait j'ai été aimée en retour.


Ca donne mal à la tête les chagrins d'amour. Surtout quand on peut pas faire quelque chose de tout cet amour emmagasiné. Qu'il est là et c'est tout et il a nulle part ou aller et nous non plus. Parce qu'il y a une pandémie.


Putain quelle vie étrange.