jeudi 26 décembre 2019

Une louve agneau.

Ca fait plus d'un mois que j'observe ce qui ressemble bien à un drapeau rouge, de loin. A une distance de sécurité. Je me sens louve tant que je ne fais rien, tant que j'observe, tant que je traque, peut-être même.

Mais je sais qu'une fois passée une certaine barrière je vais me sentir agneau, et j'ai pas envie de me sentir agneau. Mais il y a quelque chose de si magnétique au loin, là, de l'autre côté. Et mon cerveau de louve se demande tous les jours ce que ça ferait de sauter par dessus la barrière, de courir, de prendre l'élan, de sentir ce petit vacarme d'adrénaline résonner dans mes entrailles. Même si je me transforme en agneau de l'autre côté.

Je crois que je vais sauter par dessus la barrière.

dimanche 15 décembre 2019

Arrêter de bouder.

J'ai compris depuis un petit moment que (presque) chaque personne qui vient faire un bout de chemin en parallèle avec moi dans ma vie est là pour m'apprendre quelque chose (et vice-versa je suppose).

Et lui je sais que je l'ai pas croisé par hasard un lundi soir dans un bar. Mais cette fois ci je ne dis pas ça avec mille scènes romantiques qui se jouent derrière mes paupières closes. Je le dis parce que je sens que j'ai débloqué quelque chose que je suis peut-être enfin prête à apprendre.

Assise dans mon lit vers 2 heures du matin j'ai senti tout mon corps se mettre en mode défense, les sourcils froncés, prête à l'envoyer chier à tout jamais comme dans un drame romantique, et quand j'ai de nouveau levé les yeux vers lui les rouages de mon cerveau m'ont chuchoté "mais si tu apprends pas à communiquer avec un mec qui est prêt à le faire...tu vas le faire quand?".
Alors j'ai inspiré et je lui ai dit comment je me sentais.
Et je crois que je préfère ce sentiment de vulnérabilité à la colère grandissante qui gonfle dans ma cage thoracique et à mes sourcils froncés qui attendent que la personne en face de moi devine pourquoi ils sont comme ça.

Je me demande ce que je vais encore apprendre à faire.

dimanche 1 décembre 2019

Le bilan.

Ca fait vingt quatre heures que je réfléchis à comment j'ai grandi.

Attablées à cinq, entre âmes qui se connaissent depuis douze ans, on a fait notre petit bilan habituel de fin d'année. Carnets et dossier de notes du gsm dégainés, on a bien passé deux heures à regarder en arrière en direction de tout le chemin accompli. Les buts pour 2019. Cinq mots pour résumer l'année. Les moments forts parfois cachés dans un instant tout doux.

Chaque année je pense avoir muri mais sans jamais me rendre compte de toutes les leçons de vie qui m'attendent un peu plus loin. Chaque année je regarde mes petites blessures devenues cicatrices teintées de sagesse avec affection. Chaque année je suis un petit peu plus fière. Chaque année je plante de nouvelles choses et je les laisse pousser à leur rythme.

A une heure du matin seule avec Lidia, un peu pompette, en train de manger du yaourt inondé de sirop d'érable, à ricaner en parlant de mecs, avec les mêmes mots qu'il y a des années, avec des envies différentes. Je suis rentrée chez moi en grande discussion avec moi-même enlacée par le froid. Des histoires de podcast, des histoires de voyages, des histoires de thunes, des histoires d'asso, des histoires de garçon qui sent le patchouli.

Autour d'une tartine grillée dans la cuisine de la mère de Margot à 11h du matin, à dire qu'on serait contentes d'avoir 30 ans, même 35, même 40, et que plus jamais on voudrait revivre nos vingt ans, que vingt ans c'était souffrir sans mode d'emploi et sans savoir quoi en faire. J'apprenais même pas je souffrais en boucle, c'était de la souffrance inutile, elle faisait rien pousser. Rien ne mourrait rien ne germait tout était au même stade en permanence.

Décembre est là et pour la première fois depuis des années je ne me sens pas arnaquée. Et je me demande ce que cet hiver va me réserver dans ses petits moments de chaleur.

(pleurer, oui, mais de joie surtout)

dimanche 24 novembre 2019

I want to be now.

Ce matin j'ai entamé des fouilles archéologiques dans mon ancienne chambre chez ma maman. 
J'ai retrouvé ma casio offerte par la belle-mère de mon ex, les clés de chez mon père, une bague en toc et des lettres reçues de mes amies à l'adolescence.

Leurs mots m'ont projetée dix ans en arrière et dans le présent à la fois. Je retrouvais ce qui me faisait sourire dans les souvenirs dans mon quotidien. 
Quelque chose qui me frappe depuis presque trois ans c'est à quel point je me sens proche de qui j'étais à l'adolescence.

Les joies immenses, les catastrophes qui sentent un peu moins la fin du monde qu'avant, les premières fois gravées dans la rétine, les bras grand ouverts prête à planer. Les bonheurs des autres m'éclaboussent, leurs joies me rendent fière. Ce qui sort le plus souvent de ma bouche c'est un rire, et enfin ce n'est plus celui qui est là pour se faire remarquer, c'est celui qui vient du ventre, le plus vivant.

J'ai pas hâte d'être à une date buttoire, j'ai pas hâte d'être au week-end, j'ai pas hâte d'être en été, j'ai pas hâte de "rencontrer quelqu'un", j'ai hâte d'être maintenant, même quand maintenant fait mal. Qu'est ce que c'est beau maintenant.


dimanche 17 novembre 2019

On n'est jamais à l'abri d'un plot twist.





Lundi après-midi, attablée entourée de collègues/amis, je me suis entendue dire des mots beaucoup trop familiers, des mots en forme de spirale, des mots qui prenaient de la vitesse et qui couraient droit vers un mur que je me suis déjà pris un certain nombre de fois, même quand ce mur essaie de s'habiller d'autres couleurs pour que je ne le reconnaisse pas. Alors j'ai sorti mon téléphone de mon sac et j'ai essayé d'emprunter un autre chemin, à l'opposé de ce mur. Il m'a répondu qu'il était disponible le soir même.

Je savais pas quoi faire. Toute une partie de moi était tellement habituée à se prendre le mur qu'elle voulait se prendre le mur encore (et peut-être qu'en fait ce chemin là aussi mène vers un autre mur, je ne le sais pas encore), ce mur si familier, cette douleur temporaire qui transforme tout ce qu'elle touche en apprentissage express, cette douleur pareille à celle dans mes os d'enfant la nuit dans mon lit, mais dans la cage thoracique.

Quelques heures plus tard, en fou rire assise sur mon lit avec Lidia qui me disait d'écouter ma fatigue et de ne pas y aller, le rejoindre, cet inconnu, dans un bar, un lundi férié. La pluie tombait encore un peu au loin et le mur m'appelait, mais ma politesse et mon sens de l'engagement à mes promesses ont crié plus fort et j'ai mis ma veste et j'ai laissé mes attentes au porte-manteau. Ptet qu'on allait pas si bien s'entendre que ça. Ptet qu'on allait juste être amis. Et que j'pourrai aller me prendre le mur que j'avais tellement envie de me ramasser une fois de plus.

D'abord on a parlé un peu comme deux inconnus qui font comme s'ils n'étaient pas à un rencard. Puis on a parlé comme deux potes. J'ai entendu le bruit du mur s'éloigner. Puis on a parlé comme deux personnes qui flirtent l'air de rien. J'ai senti le vrombissement du mur qui commençait à tomber sur lui-même. Puis on a parlé comme deux personnes qui flirtent en connaissance de cause.  J'ai laissé le mur en plan, en ruines, avec rien à fouiller.

Tout s'est fait tout seul, on est partis en expédition du corps l'un de l'autre et j'ai pensé à rien d'autre que ce que me livraient mes sens. Quand il m'a prise dans ses bras j'ai pas cherché plus loin, quand on s'embrassait en discutant simplement j'ai pas interprété. Et en repartant de chez lui le lendemain après-midi je me suis rendue compte que c'est la première fois de ma vie que je n'avais ressenti aucun malaise une fois le soleil levé avec quelqu'un qui n'est pas mon mec. Le mur est en miettes je crois. Peut-être qu'il se reconstruira. Peut-être que je dois me le prendre encore. Peut-être que je me prendrai un mur d'un autre genre. Peut-être que lui était juste une leçon de vie de quelques heures. Peut-être que lui aussi sera un futur mur.

Peut-être et peut-être et peut-être.

On n'est jamais à l'abri d'un plot twist.



dimanche 10 novembre 2019

"Méré"

Ce matin a six heures j'ai dit bonjour aux étoiles en allant me coucher. Le froid embrassait mes doigts crispés sur mon téléphone tandis que je résumais ma soirée à voix basse pour lidia qui les écouterait en se réveillant.
Les copains sur la piste de danse, les embrassades, les discussions cachés derrière nos bières, le sol collant, mes allées venues sur la terrasse avec les fumeurs surtout pour parler avec l'un d'eux, des paillettes sur mes mains des paillettes sur mes joues.

Rentrée à la maison j'ai effacé un poisson doré qui avait élu domicile sur ma joue. J'ai rejoué des conversations dans ma tête à mon réveil et j'entends encore une certaine façon de prononcer mon prénom résonner.

Mais je sais qu'il serait probablement vain de me questionner. Alors je repense plutôt à la piste de danse. Aux copains. Aux étoiles qui me disent bonjour et bonne nuit à la fois. Je pense à moi. Et à tout ce que je vais apprendre. Là bas quelque part au tournant, dans le froid, dans les prochaines chaleurs. Tout le temps.

dimanche 3 novembre 2019

La pluie.

J'ai l'impression qu'octobre n'a pas existé.
Il était si long et si court. Je n'ai écrit dans aucun de mes carnets de question quotidienne en octobre. J'ai pas écrit sur mon monthly planner et en plus il est tombé derrière ma commode.
Et je l'ai fini triste alors il me paraît encore plus irréel.
Novembre l'a foutu au tapis et a nettoyé ses vestiges avec sa pluie incessante. 
Je sors de chez moi il pleut, je ris il pleut, j'attends il pleut, mon anxiété monte dans mes poumons il pleut, mon anxiété redescend il pleut, il pleut, il pleut.

Je m'essaie une fois de plus à être dans l'ici et le maintenant. Sous cette pluie, dans un canapé, au cinéma, attablée à côté d'un mec avec qui on se fait du genou je crois, au taff, en train de préparer le lancement du podcast avec Asma, sur mon lit en train de lire. J'essaie de dire à mon cerveau que pour le moment on est là. Qu'il pleut et qu'on en a besoin. Et qu'on sait pas de quoi est fait demain,  et que tout ce qu'on peut faire, c'est d'être vraiment là, sous la pluie.

J'aime bien la pluie.



dimanche 27 octobre 2019

Un coeur tout mou.

Meredith, 26 ans, heureuse nouvelle propriétaire d'un coeur mou tout frais, récemment déshabillé de son faux habit de pierre.

Mon coeur mou s'est pris un gros mur dans la gueule hier soir. Adossée contre le comptoir de la cuisine, avec celui qui bien malgré lui avait participé au déshabillage de mon coeur cet été (et à celui de mon corps, mais en toute conscience), je l'ai écouté me dire qu'il allait rester à Bruxelles. Qu'il allait pas repartir dans les bras de son ancienne vie. Qu'il allait vraiment rester.

Je me suis rendue compte qu'en fait c'est pas parce qu'il l'aimait elle, qu'il ne m'aimait pas moi. Il ne m'aime pas un point c'est tout. Ce que je pensais être la raison de notre "rupture" n'est plus dans le chemin et pourtant rien n'a changé. Côte à côte dans la cuisine et très très loin en même temps.

Alors mon coeur mou et moi, on est passés à l'heure d'hiver tout en veillant a ne plus s'emmurer, dans un nuage de fumée et sous les basses assourdissantes, entre le patio et le salon. On a encore dansé, on a (trop) fumé, on a bu beaucoup d'eau et on a ri sincèrement.

Assises dans le canapé Lidia et Asma m'ont demandé tour à tour si ça allait. Difficile de parler de lui alors qu'il est accroupi un peu plus loin en train de sélectionner une prochaine musique. Difficile de lui en vouloir. Difficile de le détester. Difficile. Plus difficile que prévu.

Mon coeur mou et moi on est rentrés à pied sous la pluie après lui avoir dit au revoir à lui et adieu à son coeur. Parce que son coeur et le mien n'ont jamais été faits pour se rencontrer. Peut-être que nos blagues et nos rires et nos curiosités devaient se croiser. Pour qu'on apprenne et qu'on continue sur des chemins différents. Mais c'est tout.

Mon coeur mou et moi on va prendre soin l'un de l'autre cette fois ci je crois. Même si des fois c'est difficile d'avoir un coeur mou. Mais c'est mon coeur. Et il est comme ça.

jeudi 24 octobre 2019

lettre à un futur amour part 4

En fait t'es en train de créer un effet de surprise, c'est ça hein?
T'es quelque part dans un coin, probablement en pleine lumière aux yeux d'autres et puis bam!! Tu vas te planter devant moi. Mais là je m'attends peut être trop à être surprise. Alors tu viens pas. Sinon c'est pas drôle hein? Je crois que là tu me manques mais je sais toujours pas qui t es et je sais toujours pas si je suis prête mais c'est quoi être prêt putain.

Je sais que tu vas pas me réparer et vice versa. Je sais que je dois encore bosser sur moi-même. Pour moi pas pour toi. Ce soir j'ai vu odezenne ils ont dit que je suis la femme de ma vie et ils ont raison, mais je veux bien y faire un coin douillet pour toi. Sauf que je sais pas encore comment décorer. T'es pas là. T'apporteras ton propre fauteuil.

lundi 21 octobre 2019

Comment ça va?




J'ai du mal à répondre à cette question sans me perdre en phrases qui ne se terminent pas. En "euh". En "...tu vois?".

Ca va à la fois très bien et à la fois très mal.

Les matins je me lève, je juge mon reflet, je danse en culotte dans mon salon, je vais au sport, je bosse à mon taff ou alors je bosse sur mes projets ou alors je sociabilise d'une façon ou d'une autre, je rentre dormir tard ou alors je choisis d'opter pour une bonne nuit de sommeil et les lendemains se ressemblent tout en ne se ressemblant pas, la routine n'est que minime. 

Et entre toutes ces activités les angoisses dansent dans mon cerveau, je fais mes comptes, ils ne suivent pas la vraie vie, je regarde encore mon reflet, il ne suit pas ma tête, je fouille dans mon cerveau et il panique encore un peu. Et je crois que je me cache derrière mon agenda rempli pour postposer ce qui serait vraiment très nécessaire à mon bien-être mental. Deux ans à postposer le jour où je vais entamer un suivi psy c'est un peu autruche quand même.

Je pense avoir la chance d'avoir trouvé un métier qui me donne envie de me lever le matin et d'avoir un entourage qui m'inspire et participe à mon équilibre sans pour autant être une béquille. Des gens magnifiques et drôles et sincères. Des fleurs des lumières des astres. Et moi au milieu d'eux j'arrive toujours pas à me voir comme eux me voient je crois. Asma en a marre de m'entendre dire que je suis moche. 

Ce matin j'ai envoyé des messages à mes parents pour leur dire que je les admire pour s'en être aussi bien sortis comme parents célibataires approchant la trentaine. Parce que putain je savais que ça allait être dur cette première année à la sortie des études mais remettre en question ma relation avec mon corps (pour la énième fois), mon cycle avec les mecs, gérer toute cette paperasse, ces problèmes de thune c'est encore plus compliqué que ce que je croyais. Alors eux avec une bambine sous le bras je sais pas comment ils ont fait.

Je pense qu'il va falloir que je sois plus gentille avec moi-même.



Gentille, on a dit.

dimanche 13 octobre 2019

Y'a du vent t'as qu'à vivre.





Samedi matin une petite graine de souci a germé dans mon cerveau et j'ai passé la journée à la nourrir.

Ressasser ressasser ressasser.

Quelques heures plus tard, assise sur le petit tapis de la minuscule tente pour enfants de la nièce de Jeanne j'ai tapoté mon paquet de cartes de tarot.
J'ai tiré une, deux, trois cartes pour une mère de famille, trois copines de dix-neuf ans en questionnements amoureux et existentiels, un enfant d'onze ans au coeur grand comme son futur, et tout un tas d'autres aux prénoms griffonnés au crayon bleu sur une petite liste en papier provenant des affaires d'Anaïs.

Tous liés par nos petits problèmes d'humains à attendre une espèce de réponse du cosmos.

Je suis rentrée à pieds, les nuages masquaient la lune, avec le bruit du ressac de mon cerveau en fond sonore.

Ce matin je suis sortie de chez moi jambes nues. Pour laisser les derniers vestiges d'été les saluer.

Le vent soufflait fort. Mes problèmes ne s'envolent pas. Mais en les ressassant je les sens s'attacher à mes méninges.


J'arrive même pas à écrire je veux juste me mettre face au vent les bras écartés en écoutant cette chanson.

Y'a du vent.

T'as qu'à vivre.


lundi 7 octobre 2019

Quel dimanche. Quelle vie.

Dimanche 6 octobre, 10h21.
Affalée sur mon lit en tenue de sport je reçois un message d'Asma qui cherchait de la motivation pour y aller. On décide d'y aller  ensemble.
13h30. J'arrive avec une demie heure de retard chez ma maman que je n'avais pas vue depuis environ trois semaines. On parle de la vie. On parle du futur. On parle de thunes. Un épisode de derry girls plus tard, son chat sur les genoux, je m'en vais.
16h05. J'arrive chez mon papa, à l'heure dite ou presque. Ma belle mère m'ouvre la porten On parle de la vie. On parle du futur. On parle de thunes. Un film des années 50 plus tard affalée dans les bras de ma soeur, je m'en vais.
18h15. J'arrive à la station de métro, en retard. Dès que j'en sors la pluie tombe et Asma et moi on en rit.
21h. Sous les néons, entre deux pas de danse, on commente: "putain quel dimanche. Quelle vie"
22h. Elle me dit qu'il est là et qu'il lui demande où elle/on est. Je hausse les épaules. "Je m'en fous (presque totalement)".
22h30. Il est là et il danse près de nous et je me rends compte qu'il ne me fait plus rien de profond.
Et je sors mon téléphone pour y noter que je ne danse plus pour écraser quelque chose. Je vole.
23h. Je me rappelle que j'ai de quoi faire des bulles de savon dans mon sac. Je commence à en faire. Un mec dans la foule dit "c'est génial!". Asma lui dit "elle est géniale"
23h45: L'univers, qui ne me donne que ce que je peux gérer, m'a mise dans le métro avec celui dont je suis tombée amoureuse cet été et un pote, direction chacun dans son lit. Rien à signaler dans l'estomac. Rien à signaler dans le coeur.
Minuit et des poussières dans mon lit.
Quel dimanche.
Quelle vie.
Moi et l'inconnu amateur de bulles.



dimanche 29 septembre 2019

Tout l'amour du monde.

L'automne se mêle à la pluie et frappe à ma fenêtre.
Et comme toujours je le sens entrer comme une vague dans mon coeur, laissant dans mon esprit une envie absurde d'être aimée pour avoir moins froid.
Mais le froid ne fait que commencer et même si j'ai bien compris que je devais arrêter d'essayer de me donner une image de sans coeur que je ne suis pas, je ne suis pas non plus quelqu'un qui a besoin de romance. J'en ai parfois envie, nuance. Mais je n'en ai pas besoin.

Et dans ces moments de flottement où mon lit une place me paraît presque grand, je me rappelle, comme un poème appris par coeur enfant, que j'ai déjà tout l'amour qu'il me faut en stock. Il est dans les mots de mes ami.e.s, dans les sourires et les blagues, dans des pas de danse, dans des confessions sur le chemin de la maison. Il fait battre mon coeur et il oxygène mon cerveau.

Y'a plein de gens qui m'aiment.
Juste pas romantiquement.

Et c'est pas grave.



dimanche 22 septembre 2019

Ilir

J'étais en retard entre deux morceaux de ma vie qui me servent à joindre les deux bouts. Airbnb et baby sitting.
Alors j'ai appelé un uber.
Je suis entrée dedans, j'ai salué le conducteur et je lui ai demandé "Vous allez bien?".
Et la il s'est passé un truc.

C'est comme si mon ange gardien s'était matérialisé sur le siège avant de cette audi et me répétait mes principes
Je suis vraie.
Je vis tout.
Je trouve le beau partout. Même dans le laid.

Je suis le genre de personne à mettre ma robe d'été même en sachant que je risque de me trouver trempée par l'orage quelques heures plus tard, et à rire aux éclats quand la pluie d'été s'abat sur moi alors que je porte des caisses.
Je suis le genre de personne à envoyer des messages juste pour dire aux gens que je pense à eux.
Je suis le genre de personne qui accompagne une amie chercher sa mère à l'aéroport un dimanche à 22h pour qu'elle ne s'ennuie pas au volant.

J'ai noté une de ses phrases: "Vivre la vie entièrement. Sans diviser les choses."

Alors je vais continuer à mettre ma robe d'été pour profiter du soleil même si la pluie menace. Et surtout continuer de demander aux gens comment ils vont. Vraiment.

dimanche 15 septembre 2019

"Tu fais quoi dans la vie?"

Depuis à peu près une semaine quand je rencontre des gens, je ne crains plus cette question.
Pendant deux ans j'y répondais sans vraiment avoir envie d'y répondre.
Oui j'étudie l'archéologie. Ah bon tu as voulu faire ça quand tu étais enfant bah t'es la 20è personne à me dire ça. Non je veux pas être archéologue. Ah tu me demandes pourquoi. Je veux faire quoi? Trop de choses. Et toi tu fais quoi?
Puis j'ai fini par juste répondre par mes hobbies et occupations artistiques. Parfois par ne pas vraiment répondre du tout.
Et là quand on me le demande je suis tellement soulagée de ne rien mettre de négativement pesant dans ma réponse à cette question. Parce que ça faisait deux ans que j'étais définie par cette occupation quotidienne dont je ne voulais plus.

Et quand on me demande comment je vais, je réponds que je suis heureuse. Heureuse et fatiguée. Fatiguée de bonheur. Mes yeux sont petits et mon sourire est grand. C'est beau ce genre de fatigue.




dimanche 8 septembre 2019

Off with a bang.

Je suis sortie du bureau de mon directeur de mémoire, j'ai descendu les escaliers, poussé la porte du bâtiment et jeté ma copie papier de mon mémoire à la poubelle.

J'ai appelé mon papa qui m'a dit avoir justement éteint la bougie qu'il avait allumée pour moi à l'instant.

Fini. C'est fini.

La barrière du starting block est tombée et tout peut enfin se mettre en route. J'ai mis un point final à mes études avec un week-end marathon, rempli de rires, de mauvaises bières, de danses étranges et de belles personnes.

Entre deux spotlight sur fond de techno j'ai cru l'apercevoir.  Mais elle m'a dit "Non ça peut pas être lui, il est pas en Belgique là."
Mon cerveau a planté pendant une dizaine de minutes. Mais il est où alors? Il est avec elle? ll fait quoi? Putain il est avec elle. Il est avec elle, hein? 
Et entourée de tous ces gens qui dansaient sous cette lumière bleutée dans cette soirée payée trop cher pour ce que c'était, je me suis mise à danser. Avec mes pieds, avec mes bras, avec ma tête, et mon cerveau et surtout mon coeur aussi. Et à rire. Parce qu'on s'en fout putain d'avoir payé trop cher, autant danser quand même. Et on s'en fout putain d'où il peut bien être, sa vie n'est plus mêlée à la mienne. Et on s'en fout putain on s'en fout. Parce que la vie va encore être remplie de moments chelous. Et qu'ils vont être absurdes. Et nuls. Et beaux. Et nombreux.


Les feuilles commencent à tomber et je suis prête à lâcher prise.


3h du matin en train de m'étirer au feu rouge parce que danser sur de la musique qu'on trouve bof c'est tout un truc vous savez

dimanche 1 septembre 2019

L'été fou.


Si vous voulez danser

Si vous voulez de la nostalgie

Je sais pas pourquoi mais dès les premiers jours de juin j'ai su que cet été ci allait être important. Je regarde en arrière vers les autres soirées à dormir la fenêtre ouverte des années précédentes et je n'ai pas ressenti cette sensation aussi forte depuis dix ans.

C'était un été fort en tout. J'ai dansé j'ai ri j'ai pleuré j'ai embrassé j'ai nié mon intuition qui me chuchotait que l'été n'allait pas durer, j'ai ri encore plus fort et embrassé de plus belle.

Un été avec au tournant plein de changements que j'attendais avec hâte et peur, qui ont décuplé tout ce que je ressentais encore plus fort, comme si chaque évènement vécu portait un petit cachet aux couleurs de cet été symbolique.

Un été où j'ai appris à surfer. Un été où j'ai appris que j'aime pas trop le kayak. Un été où j'ai nagé jusqu'aux bouées pour la première fois de ma vie.

Un été où je suis tombée amoureuse de quelqu'un qui avait déjà décidé de la date de péremption de nos étreintes estivales.

Alors le dernier jour d'août j'ai voulu danser. Mais je ne voulais pas le croiser. J'ai fini dans un parc assise dans l'herbe dos à là où il y a deux mois nous dansions tous les deux. Et j'ai tellement voulu éviter de le voir qu'évidemment il est passé devant moi sur son vélo sans me voir. Mes mains tremblaient et une triste colère s'est nichée dans mes poumons. Il y a quelques mois je disais avoir peur que ses baisers s'en aillent avec le soleil et j'avais raison. Je le savais déjà quelque part et j'ai quand même voulu repousser mes limites. Encore un peu jouer à celle qui n'a pas besoin de définir ses sentiments. Encore un peu me cacher derrière cette carapace soigneusement forgée pendant une dizaine d'années

Et après le choc et la tristesse qui me semblait tourner en rond comme un loup en cage, je me suis rendue compte que je suis vivante. Je l'ai croisé. J'ai eu mal. Mais je suis vivante.

Alors ce soir je donne un baiser d'au revoir aux nuits de sommeil la fenêtre ouverte, à toutes les mers sur lesquelles j'ai flotté, un baiser d'adieu aux siens, et surtout, une étreinte pleine d'amour à cette carapace qui va maintenant s'auto détruire. J'ai hâte de redécouvrir qui est en-dessous. J'ai toute une vie pour le faire.

dimanche 25 août 2019

Le mardi 13 août



Ce soir j'étais dans un de mes cafés de prédilection avec Asma.
Et il y a une dizaine de jours j'y étais aussi avec elle.
Sauf qu'à ce moment là je voulais pleurer, et que ce mardi 13 août était des plus étranges.
En me réveillant ce matin là j'étais étudiante et amoureuse. Et en allant dormir les joues salées de larmes, je n'aimais plus ce garçon, et j'avais rangé dans mon étagère un papier stipulant que j'ai terminé mes études.

C'est dans ce café que j'ai vu dans les yeux d'Asma qu'elle savait quelque chose que j'ignorais.
"Oh non. T'es au courant de quelque chose qui va me rendre triste."
Elle n'a pas osé me répondre. Bien sur que ça voulait dire oui.
Alors je lui ai envoyé un message. On n'avait pas le temps de se voir avant mon départ pour l'Italie. On décide de s'appeler au soir. Et je passe la journée de ce mardi 13 à pertinemment savoir que vers 21h je vais me faire larguer par quelqu'un avec qui je ne suis pas en couple.

Il essaie de commencer la conversation de façon légère me demandant où j'ai été manger.
"On s'en fout d'où j'ai été manger, est-ce qu'on peut juste avoir cette conversation qu'on aurait du avoir il y a un mois?"

Il essaie d'arrondir les angles de ses mots, mais c'est trop tard j'ai déjà mille petites blessures. Et là le coup fatal, celui qui rend tout trop réel, celui qui m'a donné la nausée: "Je me suis retrouvé à me demander 'merde comment est ce que je vais faire pour arrêter ce truc avec Meredith quand je retournerai avec mon ex?' "
Après avoir raccroché j'ai laissé une larme symbolique couler. Puis j'ai vu un message rempli d'amour que lui n'avait pas pour moi de la part de Lidia,  et tous les torrents du monde sont sortis de mon canal lacrymal, en écoutant yeux disent de Lomepal. Elle est venue frapper à ma porte tandis que je pleurais en culotte sous mes draps.

Je crois qu'elle a raison. A force de me cacher derrière cette image de coeur de pierre que rien n'atteint on me voit comme telle et je me trouve dans des situations dans lesquelles il se brise et j'ai pas de colle en stock. Alors j'ai pas envie de me reconstruire une armure. J'ai envie de porter mon coeur sur ma main comme il l'a toujours été sans faire semblant de l'avoir laissé emmuré loin très loin derrière mille pièges.

Et le lendemain matin, quand je me suis réveillée, j'ai dansé en culotte dans mon petit studio. Et je me suis rendue compte que c'était la première fois depuis trop longtemps. Et qu'au fond, l'amour dont j'ai besoin il vient de ce genre de moments là. Parce que ces histoires ratées pour mille et une raisons ne me rapprochent pas de celui avec qui ça ira. Elle me rapprochent de moi.

Et en attendant les autres leçons de l'univers, je vais danser en culotte. Je vous le recommande.





mardi 6 août 2019

Jsais pas.




J'ai réfléchi à quelle métaphore traduit le mieux comment je me sens dans cette obscurité réconfortante. Je pense que j'ai trouvé.

J'ai l'impression que lui et moi on est au bord d'une rivière. Et moi je suis un peu plus près du bord que lui je crois. Et j'ai un peu envie de lui demander s'il veut venir nager avec moi. Mais en fait j'ai pas envie de lui demander. J'ai pas envie de le presser. Peut-être qu'il me proposera lui même d'aller nager. Peut-être dans pas longtemps. Peut-être que si j'attends encore un peu on ira nager.
Mais peut-être que je vais attendre pour rien et que la rivière va continuer sa vie devant moi et moi je vais attendre que lui se décide à sauter ou pas.

Et si je garde les yeux fermés, je saurai pas s'il se rapproche du bord avec moi ou pas. Si je garde les yeux fermés, je verrai pas s'il est en train de s'apprêter à faire demi tour ou pas. Si je garde les yeux fermés, il pourrait se passer n'importe quoi, mais au moins on sera encore un peu au bord, à deux.

Au pire. Je sais nager toute seule.

dimanche 21 juillet 2019

Au cas où.





Je sais plus combien de fois je me suis dit peut-être me trouver à un moment clé sentimentalement parlant. Je pense me l'être dit des dizaines de fois, de l'ordre de quelques jours, quelques heures, quelques minutes. 
Mais les sentiments se sont nichés dans mon estomac, tissant leur toile jusqu'au bout de mes doigts trois fois exactement. Et là je sens la quatrième toile se tricoter en douceur, comme pour ne pas vouloir trop faire peur.

Et mon cerveau regarde sept ans en arrière, joue à l'enquêteur, essaie de faire coller ensemble des bribes de souvenir. Une parole dite à une fête, un clin d'oeil, une main dans le dos. Il rejoue des moments annonciateurs de ce qui à l'époque m'aurait laissée muette de surprise.

J'écoute les mêmes musiques que j'écoutais à seize ans lors du tissage de la toute première toile. Comme si peut-être celle ci allait être la dernière nouvelle toile. Comme si cette toile ci allait aussi s'effilocher à la fin de l'été, dix ans après. Au cas où.

Alors je regarde dans mon coffre à trésors de coeur brisé au cas où une nouvelle fêlure vienne s'y ajouter, juste pour être sûre, juste au cas où. Je regarde les reliques des fois où j'ai cru jamais m'en remettre.
Au cas où tout ceci soit une leçon sur le timing. Au cas où tout ceci soit une leçon sur moi-même. Au cas où tout ceci était un petit bonheur éphémère. Au cas où la chaleur s'en aille et prenne avec elle ses baisers.
Au cas où.

samedi 13 juillet 2019

En code morse.

Mes lèvres salées par la mer et la chaleur ont croqué dans un abricot qui a dégouliné sur mon bras et pendant que le filet coulait j'ai réfléchi.
Le sel et le sucre. L'équilibre.

Allongée sur le lit de Lucile, sous l'air du ventilateur je lui ai parlé de l'échelle des bonheurs. Le bonheur fracassant. L'euphorie. Le bonheur comme les vagues.
"Lucile? (...) je crois que je l'aime"
"Tu l'aimes comment?"
"Je l'aime en tant que personne d'abord. Les choses qu'il fait et les choses qu'il dit, même indépendamment de moi. Et je pense qu'il y a autre chose qui arrive."


Les papillons adolescents se sont fait la malle depuis longtemps ils ont pris l'avion pour le bout du monde. Je sens quelque chose couler dans mes veines, quelque chose de serein, quelque chose de naturel, quelque chose qui se fait tout seul. Sans effets secondaires dérangeants, sans trop de parasites dans mon cerveau, ma vie quotidienne continue; les efforts des deux années qui viennent de passer à apprendre que j'ai le droit et le devoir à la fois de me mettre en priorité n'ont pas été faits en vain.

Mais j'entends tous mes atomes parler en code morse entre eux. Ils se passent le mot en espérant qu'il atteigne ma bouche mais je la garde fermée. La mémoire musculaire de mes mains se contracte comme si sa mâchoire était sous mes doigts et parfois si je ferme les yeux le reste de mon corps peut ressentir des effleurements fantôme. Mes yeux se perdent parfois un peu et ils sourient sans même demander l'avis de ma bouche, sans raison apparente.

Toutes les cellules de mon corps sont en train de vrombir, elles se parlent en code morse, mon corps entier rendu électrique par leur langage secret, mon cerveau prudent chuchote ses mantras alarmants habituels de temps à autres mais lui aussi a appris l'équilibre.

Et si un jour le mot arrive sur mes lèvres et qu'il parvient à ses oreilles, je sais que quoiqu'il arrive j'aurai appris encore de quoi écrire des poèmes et faire confiance à l'univers.

Toujours faire confiance à l'univers.

dimanche 30 juin 2019

Les yeux fermés.

Aujourd'hui les cheveux au vent sur le porte bagage avant d'un vélo j'ai fermé les yeux. Parce qu'en arrivant à un croisement j'ai eu un peu peur. Réflexe.
Hier soir au coin de la rue quand on s'est embrassés j'ai fermé les yeux aussi. Parce que quand on embrasse on ferme toujours les yeux.
Je fais confiance je ferme les yeux. J'ai peur je ferme les yeux. Je danse je ferme les yeux. J'angoisse je ferme les yeux. Je fais l'amour je ferme les yeux. Je ris je ferme les yeux.
Et puis quand je les rouvre enfin. Les choses existent encore plus fort.

mardi 25 juin 2019

Sur la vague

Ces derniers temps  on me dit souvent les trois mêmes choses:

"C'était comment le surf?" (Trop bien)
"T'as maigri non?" (Ah.)
"Tu rayonnes" (euh je euhhhh)

Entre deux moments submergée sous la vague j'ai appris qu'il faut toujours protéger sa tête. (Et je pense que je vais aussi un peu protéger mon coeur)

Allongée sur ma planche la vague derrière moi, j'ai appris la patience. Que quand la bonne vague est là tu le sens.

En me redressant j'ai appris le timing. Quand tu sens que c'est ta vague tu brasses et tu brasses et tu te lèves lèves lèves. Maintenant maintenant maintenant.

Et en tombant à répétition j'ai appris la confiance. Parce que mon instinct est bon. Parce que je suis déjà au bon endroit au bon moment. Parce que je ne dois pas regarder mes pieds. Je suis déjà bien mise. J'allais pas tomber.

Confiance en moi confiance en l'univers confiance en l'océan.

Respirer. Prendre la vague. Ne pas douter.

Debout debout debout.
Maintenant maintenant maintenant.

dimanche 2 juin 2019

Rire, grandir, et boire de l'eau.


J'ai regardé dans le vague, regardé les yeux bleus de Seb que j'avais pas vus depuis un an et demi et déclaré "Moi dans la vie je veux juste... Rire, grandir et boire de l'eau."
On est loin du duo de fêtards fantômatiques qui traversaient la ville à l'aube en se demandant de quelle façon on allait bien pouvoir noyer nos problèmes qu'on voulait pas regarder dans les yeux.
La fille qui parlait fort, qui riait fort, mais jamais pour elle-même n'a pas disparu, elle a juste grandi, comme la plante qu'elle a volée du fumoir d'un bar. Elle avait besoin d'engrais, elle avait besoin de toute cette pluie sous forme de déboires amoureux, de galères existentielles, et elle avait besoin de soleil qui venait d'elle-même.
Et cette fille plante va encore grandir, encore mourir, encore germer. Et tout ce qui se passe autour d'elle va l'aider.
Rire.
Grandir.
Boire de l'eau.

samedi 25 mai 2019

Avec le coeur

Samedi matin c'était un samedi matin normal. Je me suis réveillée avec ma musique. Normal. J'ai fait un peu de musculation. Normal. J'ai pris ma douche. Normal. Je suis partie pour le taff à pieds. Normal. Je suis arrivée au taff. Normal. J'ai attendu mon groupe d'enfants du jour. Normal.
Mais je savais pas que ma définition de normal allait en prendre un coup ce jour là.

Quand au fil des minutes, les petits humains de mon groupe sont arrivés, ils se distinguaient des enfants des autres groupes. Quelque chose dans leurs yeux. Quelque chose dans leur intonation. Quelque chose dans leur démarche.
Ma première réaction c'était la panique. Discrètement j'ai dit à ma responsable, qui était tout aussi surprise que moi, que je n'ai jamais été formée à animer un groupe d'enfants qui avaient des besoins "spéciaux". Alors j'ai respiré un coup, j'ai sorti ma tirade habituelle de "on ouvre grand les yeux on ouvre grand les oreilles" avant de les emmener de l'autre côté du rideau et là...

C'est avec le coeur que je leur ai dit que la forêt est fausse mais qu'on allait dire que c'est vrai, avec le coeur que je disais à l'une de respirer quand elle sentait sa colère monter, avec le coeur que j'essayais de comprendre ce que me disait celui qui avait le plus de problèmes pour parler, avec le coeur que je tenais la main de celle qui avait besoin de ma proximité quand je changeais de salle avec eux, avec le coeur que je promettais qu'on reviendrait jouer plus tard, avec le coeur que je leur disais que eux aussi ont des super pouvoirs de la vie de tous les jours pour aider les autres, avec le coeur que je leur demandais ce que les tableaux leur faisaient ressentir, avec le coeur que j'ai passé du temps à jouer avec celui qui avait le moins d'autonomie, avec le coeur que je leur ai dit merci.

Quand ils sont partis une des trois mamans présentes m'a fait des compliments à me faire rougir.
J'ai du aller m'asseoir un peu dehors avant de retourner avec mes collègues. Toute seule.
Avec mon coeur
Avec mon coeur
Avec mon coeur
Boum
Boum
Boum

dimanche 19 mai 2019

Le futur qui n'existe pas.

A l'adolescence s'est formée une curieuse habitude: j'avais toujours quelques pas d'avance dans le futur. Un futur proche, un futur lointain, un futur précis, un futur flou, mais toujours un futur qui n'existait pas.

Un futur avec dialogues et mises en scènes, avec milles options et c'est toujours la seule à laquelle je n'avais pas pensé, celle pour laquelle je n'avais pas créé de décor qui finissait par se dérouler sous mes pieds qui n'y étaient pas préparés.

Parfois tout ce que ce futur inexistant que je me créais faisait, c'était me décevoir. Mais souvent ce qu'il fait c'est qu'il me terrifie. Parce que je développe tous les scénarios catastrophes possibles comme si le bonheur n'existait pas dans mon futur imaginaire. Je suppose que c'est comme ça qu'on peut décrire l'anxiété.

Alors depuis environ deux ans déjà j'essaie petit à petit de ne pas laisser ce faux futur s'emparer de mon cerveau.

Pour ne pas être déçue. Pour ne pas avoir peur. Pour ne pas me mettre des barrières infranchissables. Pour avoir les pieds bien ancrés dans le présent. Pour vivre.



dimanche 12 mai 2019

Fin de saison.

Mercredi matin la sensation familière de l'anxiété qui vient se loger du creux de mon ventre jusqu'au sommet de mes poumons a pointé le bout de son nez. J'ai essayé de respirer. J'ai essayé de faire des listes. J'ai essayé de prendre mon rescue spray. Mais rien n'y a fait et tous mes soucis se sont empilés pour se transformer en Goliath.
Et si je ratais mon mémoire? Et si je ratais mon dernier examen? Putain je dois encore régler mes histoires de mutuelle. Comme je fais pour gagner de l'argent cet été tout en bossant mon mémoire? Est ce que je vais trouver un taff d'ici septembre? Et tout un tas d'autres soucis imaginaires dont je n'arrive même pas à me souvenir, mais quand je me tenais pleurant devant mon papa en lui faisant la liste de mes soucis, je n'avais pas assez de doigts pour les compter.

Vendredi j'ai lu quelques passages du livre/autobiographie/je ne sais quoi que j'écris depuis deux ans à Lucile.  "C'est marrant comme certains cycles reviennent"
Ca fait des années que chaque mois de mai/juin/juillet/août je me sens coincée. Coincée par mes examens et travaux à rendre. Et là c'est la dernière fois. Mon dernier été à me sentir sur les starting blocks de la vie.
Je crois que je suis en train d'arriver à un tournant symbolique. 
Le chapitre 1 c'était les quelques mois de renaissance naïve après la rupture. Le chapitre 2 c'était l'année passée à courir après l'amour sous toutes ses formes mais surtout celles qui ne voulaient pas de moi. Le chapitre trois c'était le soleil et la pluie accumulées qui m'ont fait pousser. Et le chapitre 4 c'est le futur proche. C'est demain c'est maintenant.

J'ai l'impression d'en être à la scène du film passée en accéléré où l'héroïne vit une routine en vue de l'obtention de quelque chose qu'elle veut. (Sauf que je suis pas super sûre de ce que sera la scène finale)
Alors je respire.
Dans mes poumons il y a l'infini.

(ma chanson de scène en accéléré)

dimanche 5 mai 2019

Les tricks de l'univers.

Cette semaine l'Univers m'a rappelé qu'il a des milliards de tours de son sac, et que j'ai beau m'attendre à tout, en fait je ne m'attends jamais au tour qu'il choisit.

Tour 1 de l'Univers:  Un des mes boulots qui m'appelle mardi matin. Virée.
Tour 2 de l'Univers: Quelqu'un que je veux depuis longtemps qui dit me vouloir aussi.

Mais moi aussi j'ai des tours de passe-passe, parce qu'avec tous les cadeaux et faux cadeaux de l'Univers j'ai compris comment je fonctionne mal et comment je fonctionne bien.

Réponse au tour 1 de l'Univers:  Comprendre que les jobs de bureau c'est pas pour moi. Que faire quelque chose qui me passionne pas ça fonctionne pas. J'ai essayé. Et voilà.

Réponse au tour 2 de l'Univers: Savourer avec un périmètre de sécurité, ne pas oublier que je ne suis pas un sparadrap, je ne suis pas un fantasme, je ne suis pas un idéal, je suis humaine. Et que les mots c'est joli mais c'est pas toujours vrai.

Réponse à tous les tours possibles de l'Univers: danser en culotte pour me réveiller le matin.




dimanche 28 avril 2019

Rue des coteaux.

Aujourd'hui je suis passée en bus devant là où je vivais avec mon ex.
Avant, un fantôme de sentiment s'emparait de mon estomac et mes poumons et m'envoyait en flashback.

C'est pas à lui que je pensais quand je passais par là. C'est à moi. Moi pendant quatre ans.

Et je me rends compte que la honte et l'embarras que je ressentais en repensant à ces années avec lui ne venaient pas du fait que je ne l'aimais plus lui.
C'était parce que je ne m'aimais pas moi.

Ma flemme de ranger cet endroit de plus en plus sale, cette relation qui ne me convenait pas, mes angoisses grandissantes, mes journées vides, mes manques d'intérêt, mon corps que je masquais, mes journées passées à pleurer, mes états dépressifs.

Toutes ces images qui me sautaient auparavant à la gorge sont restées immobiles aujourd'hui.

Je me suis rendue compte que moi du passé s'en est pris plein la gueule pour que moi du présent et du futur aient des leçons apprises en stock et des cicatrices intérieures bien pansées.

Dire que cette fille là c'était pas moi, c'est nier tous les petits traumas en cascade qui me sont tombés dessus et que j'ai surmontés . C'est faire comme si ma résilience n'existait pas.

J'ai envie de serrer cette fille là dans mes bras. Et de lui dire merci.

Aujourd'hui je suis passée en bus devant là où je vivais avec mon ex.

mardi 23 avril 2019

24h chrono





Samedi soir j'ai croisé des yeux bleus (décidément on dirait que j'ai une certaine ligne éditoriale), j'ai croisé un rire j'ai croisé une possibilité et je me suis dit que peut-être qu'un pas en territoire redevenu inconnu ne me ferait pas de mal, que peut-être que je pouvais laisser les rires nerveux regagner mon corps, peut-être peut-être peut-être que.

Dimanche soir il m'a invitée à le rejoindre. Et très vite au lieu de tomber dans mon bon vieux cycle, à chercher son attention là où elle se dirigeait vers une autre, à ne pas m'écouter, à modifier le cours de ma soirée, je me suis rendue compte que lui faisait partie de ceux pour qui celle qui le rejoindrait dans son lit serait interchangeable avec n'importe quelle autre et je ne veux plus jouer à ça.

S'apprécier pour une nuit, oui. Mais le vouloir alors, le vouloir vraiment ce corps là, cette personne là. Pas ramener quelqu'un dans son lit à défaut de devoir dormir seule. Pas ramener un corps sans tenir compte du fait qu'il y a quelqu'un dedans.

Alors j'ai passé la soirée avec deux de ses amies. A l'ignorer du coin de l'oeil. Et quand il venait vers moi je le voyais gros comme une maison dans laquelle je n'avais pas envie d'entrer.

Quitte à avoir un coup d'un soir cette nuit là, j'ai choisi des copines d'un soir.

Et au final, quand tout s'additionne, je crois que je me choisis moi.

lundi 15 avril 2019

Fille à mecs.

Un jour à quinze ans, alors que je portais mon pull de l'émission jackass pendant une heure de cours, le garçon assis derrière moi m'a interpelée à voix basse.
"Hé Meredith..? T'aimes bien jackass?"
"Oui."
"Et t'aimes bien les jeux vidéos?"
"Oui"
"Mais...t'es un garçon manqué en fait."
Je me souviens de l'admiration dans sa voix et d'avoir noté cette interaction sur mon blog.

Mon enfance et mon adolescence étaient marquées par mon envie d'accentuer mon côté masculin. Parce que les garçons c'est plus cool que les filles. Parce que les filles c'est des putes. Parce que moi jsuis pas une vraie fille. Jsuis mieux. Parce que moi mon papa il m'a appris à pas pleurer. Parce que moi je pleure jamais tu vois. Jsuis pas une vraie fille. Jsuis mieux.

Ma relation avec mon ex a été marquée par mon entrée dans un milieu très masculin, et j'ai endossé à la fois dans cette relation amoureuse et mes amitiés un rôle de mère amie. Une envie de plaire platoniquement, une envie d'être nécessaire à la survie de ces mecs. A leur dire de boire de l'eau. A leur dire de partager leurs émotions. A me plaindre d'eux en roulant des yeux juste pour souligner le fait que moi je suis une des rares filles de la bande. Moi jsuis pas une vraie fille. Jsuis mieux.

Et même après la rupture, quand les jupes se sont faites plus courtes et les conversations plus longues, mon besoin d'être utile, de materner, d'être approuvée se marquait de plus en plus.
"Et moi je suis qui dans la bande?"
"Bah t'es la fille!"
Moi jsuis pas une vraie fille. Jsuis mieux.
Quand la petite amie d'un ami de ma bande qui me rencontrait pour la première fois m'a demandé de qui j'étais la copine j'ai failli recracher ma bière en riant.
Moi j'suis pas la meuf d'un des gars de la bande. Je suis la meuf. Jsuis pas une vraie fille. Jsuis mieux.

Ca m'a mis des mois à cesser d'accorder plus d'importance aux déclarations d'amitié de mes amis garçons que celles de mes amies filles. De cesser de valoriser à ce point tout ce que les garçons de mon entourage me disent de positif. De me détacher de ce rôle de mère amie que personne ne m'a demandé d'endosser. C'est pas parce que je suis utile qu'on m'aime. On m'aime parce que je suis moi.

Moi jsuis une vraie fille. Jsuis moi.

dimanche 7 avril 2019

Le décennat.

16

Je me souviens en détails du printemps et de l'été de mes seize ans.
Un tas de premières fois. Des dernières premières fois.
Je ressens toujours cet émerveillement pur. Regarde le ciel regarde les gens écoute la musique entends ce rire regarde le ciel regarde le ciel regarde le ciel.
Jamais blasée jamais habituée.
Je suis tombée amoureuse d'une idée du bruit d'un skateboard d'un cycle naissant sous la forme d'un garçon.
Tout était lumineux et je crois que la lumière venait de moi.
Je crois qu'elle est encore là, je crois qu'elle est revenue.
Dix années au tic tac discret, dix années de changement pour au final avoir fait un looping et retrouvé l'essentiel.
Au fond de mon coeur il y a une fille de seize ans qui danse.


26

dimanche 31 mars 2019

& now what





Je sais pas si c'est le coup du changement de saison, ou le changement d'heure ou tout ce changement dans la vie des autres autour de moi, mais  en ce moment je me sens non pas en questionnement mais en points de suspensions.

Aujourd'hui j'ai postposé le jour de "reprise" de vélo, confirmé à mon proprio que je reste jusque l'été 2020,  jeté un oeil sur les annonces de jobs dans le secteur culturel, papoté avec Louis de ce à quoi ressemble ma chambre.

J'aurais jamais cru avoir un vélo (encore moins me péter la gueule au bout de quelques jours pour finir avec des séances de kiné prescrites et une appréhension à l'idée de faire des trajets seule un jour-je sais je parle beaucoup de ce vélo mais cette symbolique d'être sortie de ma zone de confort pour ensuite m'être littéralement pris une portière ça me travaille, et en plus je sais pas, à force de répéter que j'en ferais jamais j'ai subitement l'envie de me prouver le contraire et être super à l'aise un jour)
Je pensais être partie de mon studio en septembre.
Je pensais finir mes études il y a un an.
Je pense garder ce lit une place pour pas qu'il soit accueillant.

Rien ne va durer. Toutes mes impressions indélébiles de moi-même sont en train de foutre le camp et je me raccroche encore parfois à ces fantômes de caractéristiques.

Il est peut-être temps d'admettre que j'aime bien les comédies romantiques. Sans rajouter "le dis à personne" après.

Ptêt.

dimanche 24 mars 2019

Nettoyage de printemps.

Ce matin tandis que je faisais pipi dans la forêt (je suis poétique) à une centaine de kilomètres de chez moi et que j'entendais les oiseaux chanter je repensais, comme je le fais beaucoup, aux cycles. A toute les fois où je suis métaphoriquement morte et métaphoriquement née.

Et le long de la journée se sont présentés à moi des fragments des choses que je dois jeter et des fragments des choses que je dois garder pour encore construire.

En reprenant mon vélo vers chez moi alors que je n'étais pas montée dessus depuis l'accident il y a un mois je me suis pris la pédale en plein là où je m'étais blessée et tout d'un coup mon cerveau est passé en mode alerte et j'ai paniqué et j'ai poussé mon vélo jusque chez moi, déçue d'avoir cédé à l'anxiété, ayant peur de ne plus jamais vouloir essayer. M'auto-saboter et rester dans ma zone de confort négative: à jeter. M'écouter et être patiente avec moi-même: à construire.

Arrivée chez moi j'ai reçu un sms du garçon sur lequel j'ai écrit des pages et des pages et pour lequel j'ai pleuré il y a encore un an, pour se voir pour boire un verre à deux alors que normalement on se voit toujours avec d'autres gens. J'ai dit oui. Attendre et espérer que les gens changent, attendre qu'on m'aime: jeté. Avoir une relation saine avec quelqu'un dont j'ai attendu tellement de choses qui ne sont jamais arrivées: un concept intéressant. A laisser se construire.

En parlant avec Jeanne de l'amour, encore, sans aucun doute (t'as vu ce que j'ai fait là jeanne!!), j'ai mis des mots métaphoriques sur mes pensées oniriques. Projeter un schéma préfabriqué de comment doit être ma relation idéale avec quelqu'un puis me jeter dedans et oublier tout le reste: à jeter. Un jour quelqu'un viendra comme une cerise sur un gâteau, un bonus dans l'équilibre: à garder. A répéter en plus grand à garder à garder à garder.

Et en lisant quelques mots sur un réseau social je me suis rendue compte que lui aussi il a cherché l'amour de quelqu'un d'autre entre mes cuisses à moi comme bon nombre d'autres avant lui. Coucher avec des mecs qui aiment quelqu'un d'autre et qui me voient comme un sparadrap: à brûler.
Coucher avec des mecs qui ont envie de moi pour moi, même juste pour un soir: Quelque chose à débloquer.



dimanche 17 mars 2019

Le coup de la vérité au bar karaoké.

Et soudain vers deux heures du matin de la nuit de jeudi à vendredi, 
un petit atome de jalousie provoqué par la vue de cette brune en jupe léopard qui lui tournait autour est remonté dans ma gorge jusque dans ses oreilles.

Au fait en janvier j'avais un crush sur toi.
Ah donc il y avait bien quelque chose.
Comment ça tu savais. Mais ce soir là en décembre je voulais qu'on rentre ensemble. Je me disais bien mais j'ai paniqué. Du coup t'as pas niqué. 

Mais t'es pas clair putain. C'est toi qui est pas claire. Je t'ai tendu plein de perches. Non moi je t'ai tendu plein de perches.
*interruption pour envoyer chier une pote curieuse*

Tu dis tout le temps que t'es directe avec les mecs que tu veux. C'est parce que là y'a quelque chose à perdre je t'aime bien en tant qu'humain aussi. 
T'as pécho mon coloc devant ma gueule. C'était avant de me rendre compte que tu me plaisais.
Tu parles tout le temps de mecs. Tu parles tout le temps de meufs.
*interruption pour chantonner sur du céline dion*
Jveux pas de mec et toi tu sors d'une relation et je sais que tu veux pas d'une meuf, et moi je veux pas juste coucher avec toi et mettre le malaise total, et désolée mais t'as l'air tellement confus sur tout, jvais pas t'attendre le temps que tu te décides à faire un pas. Clairement si on doit attendre que je fasse le premier pas on y sera encore dans des mois.
Et puis je sais pas si tu veux qu'il se passe un truc ou si t'aimes juste bien ce qu'on a là. Je sais pas. 
Donc on admet qu'il y a un truc mais que y'a pas vraiment d'intérêt à en faire quoi que ce soit. Voilà. Bon on verra bien la prochaine fois qu'on est bourrés. On y va? Toi chez toi et moi chez moi. Oui.

Quand il est monté dans le taxi, l'atome du bon sens a fait sept fois le tour de ma bouche et est sorti "Tant que tu sauras pas faire la différence entre si je te plais ou si c'est l'idée de moi qui te plaît, il se passera rien entre nous. Même pas un smack. Bonne nuit."


J'ai passé des années à voir le potentiel de mecs que je voulais aimer et j'attendais qu'il se développe. Et je postposais tout le temps la date limite. Et j'attendais. Et je me disais que j'allais bien finir par voir quelque chose se passer. Et j'aimais l'idée de ce qu'ils pourraient être. Mais en fait je les aimais pas eux.

Je vais aller observer mon potentiel à moi. Et m'aimer moi.

Je crois que j'ai brisé le cycle.

dimanche 10 mars 2019

Sixteen going on twenty six.

Il y a deux ans, quand j'ai commencé ma lente métamorphose, on a décidé avec ma meilleure amie d'honorer qui on était à seize ans. Pas en ayant des mèches qui nous cachent le visage ni en dessinant sur nos converse, mais plutôt en étant le plus proche possible de ce nous brutal, pur, et en émerveillement quasiment constant (enveloppé d'un certain air blasé face aux adultes).

Deux ans plus tard, dans une maison habitée par une bande de colocataires, je me rends compte que les nouveaux colocataires de mon amie sont deux de ces garçons de mon ancien lycée qui faisaient partie de cette bande qui faisait tourner les 3/4 des têtes féminines.

Je prends ce clin d'oeil de l'univers pour ce qu'il est, c'est à dire un clin d'oeil, et j'en profite une fois de plus pour regarder en arrière.

Je pense qu'à seize ans, la liste des choses que je voulais était très courte:
-être une rock star
-avoir un mec
-aimer très fort

La seule chose que je peux cocher dans cette liste est la troisième. Et vu la force avec laquelle j'aime, je pense que j'honore très fort mon moi de seize ans. Et même si mes baskets de mes seize ans sont en la possession de quelqu'un qui ne les honorera pas comme j'aurais aimé le faire, je pense que même sans, moi de seize ans serait très fière de moi.


Mise en situation musicale: moi à seize ans, le casque wesc bleu sur la tête, et cette chanson à n'importe quelle heure de la journée.


dimanche 24 février 2019

Face your fears.




J'ai jamais été une personne très sportive, je crois que j'ai toujours été plutôt du genre à lire ou à me trouver les doigts plein de peinture et autres encres.
Quand j'ai été en couple pendant plus de 4 ans avec un passionné de vélo qui en a même fait son métier, je m'étais dit que j'allais m'y mettre pour lui, mais après m'avoir fabriqué un vélo en plein hiver sur lequel je voulais monter au printemps, quand j'étais enfin prête à doucement commencer celui-ci était déjà en pièces détachées dispersé dans tout bruxelles. Du coup j'ai laissé tomber l'idée. Surtout quand il m'a dit qu'en fait vu le genre de personne stressée que je suis ça n'irait pas dans la circulation et que j'allais trop angoisser etc (et après un ptit épisode sur un rond point de la mort à Berlin effectivement c'était pas faux). Donc j'ai rangé l'idée de vélo très très loin dans un dossier nommé "jamais de la vie non merci salut", tellement que c'est devenu une blague récurrente dans ma bande de potes coursiers et ex coursiers à vélo. Rien que l'idée de monter sur un vélo m'angoissait (vive l'anxiété! wouh)

Mais au début de cette semaine, quand je disais à l'un d'eux que j'allais être bénévole aux championnats des coursiers, et que l'organisatrice que je connais avait dit que ce ne serait pas un problème que je n'aie pas de vélo, celui-ci m'a proposé un vieux vélo à lui. L'angoisse est sortie de mes poumons par ma bouche "non jamais de vélo ça m'angoisse ça ira pas". Mais une demie heure après, alors qu'on parlait d'autre chose, un autre sentiment est né dans mes poumons. "Il ressemble à quoi le vélo?". On a été voir le vélo. J'ai regardé le vélo. Et c'était mon vélo. Vieux, un peu rouillé, bleu clair, le guidon turquoise. Et quand j'ai roulé vers chez moi, au lieu de ressentir de la terreur, j'ai senti de la liberté (avec une dose de prudence, une grosse dose de prudence). 

Quelques petits trajets plus tard au fil de la semaine m'ont menée à ce dimanche ensoleillé, à remonter ma rue en me retenant d'haleter audiblement pour toutes les personnes aux alentours, jusqu'à ce que j'arrive chez Anaïs (après avoir traversé la grande avenue comme piétonne parce que y'a des moments où je comprends pas comment on traverse).

Une tortilla dans le ventre plus tard, on entame notre balade qui devait nous mener dans un petit coin calme en bordure de la ville. Au bout de cinq minutes, sur ma selle inconfortable, j'étais en train de me dire "waw regarde toi ma vieille! Tu affrontes ta peur, tu sors de ta zone de confort tu" ET BAM UNE PORTIERE DE VOITURE QUI S'OUVRE SUR LA PISTE CYCLABLE ET BAM MEREDITH ET BAM AMBULANCE ET BAM POINTS DE SUTURE.

L'ambulancier était très beau, le personnel de l'hôpital très gentil et mon vélo va bien.

Quant à moi je remonte en selle la semaine prochaine. C'est pas parce que je suis tombée au combat en sortant de ma zone de confort que je vais y re rentrer.

Bon par contre si je me retape une portière, j'aviserai sur ce que ce message de l'univers pourrait vouloir dire.

Face your fears.

dimanche 17 février 2019

The strangest sin.

Quand j'avais seize ans, peu de temps après ma première fois, j'ai écrit la phrase suivante sur mon blog de l'époque: "sex is some weird sin, huh"

Et dix ans après je pense toujours un peu pareil. Mais y'a des moments où je me demandais si j'avais pas accidentellement pris la formule abonnement aux coups d'un soir pour 99,99€ un soir de juillet en 2009.  Et que comme dans un roman de Zola, ma première fois aurait influencé le reste de ma vie. Et je pense que ça m'a peut-être dérangée à un moment. Maintenant je me rends compte que plus je découvre des corps de mecs le temps d'une nuit, plus j'en apprends sur moi-même. Je crois que j'ai trop longtemps cherché de l'amour dans le sexe alors que les deux peuvent être totalement dissociés.  Qu'en fait l'amour j'en reçois et j'en donne de mille autres manières. Que pendant un moment dans mes ébats je cherchais une sorte d'approbation de mon existence dans nos corps qui se mêlaient. Alors que le sexe ça ne veut rien dire parfois. Parfois c'est juste "a cure for the itch". Parfois c'est juste ludique. Parfois c'est juste animal. 

J'ai couché avec des garçons dont j'étais amoureuse, des mecs que je connaissais pas deux heures avant, des mecs qui m'insupportaient mais dont le corps me faisait envie. J'en ai tiré des souvenirs, des histoires à raconter, des fous rires, des moments de gêne. 

Mais là je crois que je suis en plein cycle où je passe la nuit avec des gens avec qui rien n'est possible, pour la bonne raison que je ne suis pas prête pour autre chose. Et ça me convient totalement. Mais ce qui me lasse c'est quand le soleil se lève et que tout d'un coup certains d'entres eux ne me frôlent même pas comme si le charme de la nuit s'était rompu, comme si m'embrasser à la lumière du jour allait me faire tomber amoureuse d'eux, comme si les au revoir gênés étaient de rigueur, comme si ce qu'on avait fait la veille était quelque chose de honteux. 
Quelle prétention que de croire que je vais m'enamourer après quelques coups de reins.


dimanche 10 février 2019

La fin de la crise de quart de siècle.

Lundi j'ai eu 26 ans.
Et plein de personnes merveilleuses ont bravé le froid et la flemme du lundi pour venir célébrer ma naissance dans un de mes bar favoris jusqu'à sa fermeture.

Je compte toujours en cycles, j'aime toujours regarder en arrière et regarder tous les pas que j'ai tracés.
Une année et tout un pan de moi qui s'est révélé. Ou qui est revenu, peut-être.

Je suis tellement reconnaissante pour tout ce qui a été mis sur mon chemin. Même les embûches. Des relations foireuses aux ordis qui plantent au mauvais moment. Des rencontres improbables aux amitiés éternelles.

Plus le temps passe moins il m'effraie. 
Plus je passe du temps avec moi plus j'ai confiance en tout ce qui m'entoure.

J'ai même confiance en demain. Même si j'ai un petit peu peur quelque part dans le creux du coeur. (j'ai dit coeur parce que ça rime. Je crois)



jeudi 7 février 2019

Je sais que je ne sais pas.

Je voulais écrire quelque chose sur mes 26 ans mais mon ordi fait des siennes alors voilà ce que j'ai trouvé dans mes brouillons d'il y a deux semaines.

Ça fait un moment que j'entends des gens me dire que je dis les choses telles qu'elles sont et que je sais ce que je veux. Et j'ai beau trouver mon cerveau très brouillon je pense qu'en fait c'est bien le cas.
Peut-être que je ne sais pas exactement ce que je veux mais je sais ce que je veux pas. Peut-être que mon cerveau surchauffe en jonglant avec des mots quand je rumine seule mais ceux qui sortent de ma bouche touchent les autres en plein dans les points de suspension.

dimanche 20 janvier 2019

Des pyjamas, des mamies et des licornes.

Je veux continuer à cultiver cette vie que je mène, où je trouve enfin le courage de passer un examen que je postposais par anxiété (et que j'ai réussi), où je porte un pantalon de pyjama en habit de jour parce que je le trouve beau, où je fais la chronique horoscope de l'émission radio de mes potes devant des petites mamies enthousiastes, et où je ramène des licornes gonflables dans leur espace de rangement entourée de potes hilares.

C'est des petites choses improbables qui s'associent, c'est des petits bouts de moi qui se construisent.

J'aimerais avoir autant confiance en moi pour tout que pour les jours où je sors en pantalon de pyjama.

dimanche 13 janvier 2019

Les erreurs de timing

Je commence à croire que tous les "pas maintenant", "peut-être un jour" et autres ratés chronologiques m'ont en fait conduite dans un espace temps dans lequel je devais me trouver. Tous les mauvais timings, toutes les choses qui avaient l'air de surgir à un moment malvenu, toutes les erreurs et les petits couacs qui m'ont menée à travers un no man's land où rien n'avait l'air de pousser pour me faire tomber dans les bras d'un autre horaire. Le mien. Avec beaucoup plus de passage. Moins d'attente dans le vide. Et puis maintenant quand il y a des ratés...je les trouve beaux, mes ratés.

dimanche 6 janvier 2019

La zone de confort.






J'ai tellement repoussé les limites de ma zone de confort que je pense que je n'en connais pas encore toutes les limites. Je l'explore comme un pays étranger dont je dessine petit à petit le plan. Mais étrangement je crois que je porte un petit bout de cette zone de confort dans ma poche, et cette sorte de doudou, c'est être seule en fait. Pas seule au sens de solitude mais seul au sens de célibat. J'en ai tellement l'habitude que maintenant que je sens physiquement mon intérêt pour quelqu'un grandir comme une plante grimpante quelque part dans mon estomac, et que je me sens à un possible tournant, je panique un peu.

Je recule dans le confort de mon jardin sauvage et je regarde de loin ce qui se déroule devant moi. Fleurir dans ma zone de confort où j'ai planté des fleurs que j'aimerais encore voir grandir ou ouvrir la porte et aller voir un peu plus loin? Prendre le risque de juste voir la porte se refermer devant moi c'est rien. Il est beau et grand et mystérieux mon jardin, c'en est presque une forêt. J'ai toute ma vie pour l'explorer je ne m'en lasserai jamais. Mais je fais quoi si la porte s'ouvre vraiment. Et qu'en fait je me trouve dans le jardin de quelqu'un d'autre. Et que je fais du mal à ses plantes ou les miennes meurent. 

Et, trêve de métaphore, on fait quoi quand un pote nous plaît mais qu'on sait pas si on lui plait en retour et qu'en fait se faire rejeter c'est le cadet de nos soucis, c'est plutôt l'inverse qui fait peur.
On attend rien et on voit. Ouais. Ouais.

Update: tout roule c'est juste l'hiver et les comédies romantiques qui m'ont fait croire que j'avais besoin de craquer sur quelqu'un. Retour à la normale.

mardi 1 janvier 2019

Le bilan.

Il y a un an je venais de m'avouer que j'étais amoureuse de quelqu'un qui ne m'aimait pas.
Et ça a foutu des coups dans la gueule à mon petit coeur jusqu'en juin, au moins.
Et depuis ça, c'est le printemps perpétuel en moi. Tout bourgeonne, ou presque. 

Une grosse crise existentielle, à deux doigts d'abandonner les études, à tout le temps repousser mes échéances, en auto-sabotage perpétuel (là ça va ça s'est amélioré: un mémoire à écrire et deux examens à passer).

Un coeur brisé en long, en large, en travers, recousu, décousu, détruit, piétiné, replanté, et en pleine forme.

Des nouvelles amitiés sorties de nulle part, des gens qui n'étaient pas trop loin, mais pour qui j'étais pas prête je pense. Des amis famille en quelques mois.

Des projets perso, des projets de boulot, des projets artistiques qui me donnent tous hâte d'être aujourd'hui. Tous les jours, presque.

La leçon la plus importante que j'ai apprise cette année, je pense, c'est que l'approbation et l'amour que je veux qu'on me porte doit venir de moi. Que l'amour de ma vie c'est moi. Et que si je continue comme ça, tous les jours seront fleuris. Même les nuits.

Janvier. En train de faire du gâteau chez les voisins/famille de coeur d'en bas à 22h au lieu d'étudier.

Février. Deux queens absolues qui ont passé au moins deux heures à me dire le soir de mon anniversaire que le mec dont j'étais amoureuse était un caca absolu, et dès qu'il est arrivé j'ai déguerpi lui faire les yeux doux LIVE AND LEARN.
Avril. Une meuf qui loge dans mon coeur (dans le ventricule gauche) depuis environ 0,3 secondes après l'avoir rencontrée. (et elle est pas photogénique donc la voici de dos, croyez moi juste quand je dis qu'elle est belle)

Avril. Un ptit lion et une ptite feuille d'érable qui a été ma collègue et amie et mascotte pendant ses trois mois dans cette ville.


Juin. Quand on m'a donné l'occasion de re fêter mon anniversaire. Mais en n'étant plus amoureuse.

Août. Ma voix de la sagesse qui est maintenant à des milliers de kilomètres de moi.

Octobre. Une de mes nouvelles zinzins au milieu d'un champ de colza un dimanche matin.


Octobre. Aller dans des champs de colza ça fatigue.




Octobre. Celui chez qui je me tape l'incruste pour utiliser son four. Et maintenant il a un écran géant.
Octobre. Mes gens pref sur le retour de mon endroit pref pour aller boire du thé.
Novembre. Une amie perdue de vue qui est pas de retour sur mon chemin par hasard. On va faire de l'art ensemble.



J'ai pas pu mettre tous mes plus beaux moments en photo, parce que ce coup-ci, j'étais trop occupée à les vivre. Plus j'ai de l'amour dans mon coeur, plus j'ai l'impression qu'il y a encore plus de place pour encore plus de belles choses. De l'amour exponentiel.