dimanche 24 octobre 2021

La montagne et la mer





"Si tu pouvais regarder par la fenêtre et avoir n'importe quelle vue, ce serait quoi?"

J'ai même pas réfléchi et j'ai répondu à ma grand-mère que je voudrais voir la montagne. Être dans la montagne. En faire partie, comme un caillou. Le petit caillou de compagnie de la montagne.

Elle a dit qu'elle voudrait voir la mer par sa fenêtre. 

Elle m'a dit que je réfléchis trop à mes sentiments. Elle m'a dit qu'elle me verrait bien avec une fille "féminine, un peu comme toi." Elle m'a fait à manger et m'a parlé de son psy qui lui a dit "C'est une autre vie maintenant. Et qu'est-ce que vous allez en faire?"


Qu'est ce que je vais en faire, de la mienne, là maintenant?

Les mots de la bouche des gens que j'aime, ceux de ma psy, des astres et des cartes de tarot me disent que j'ai fait un long chemin. Je sais qu'il n'est pas fini et maintenant je sais qu'il n'a pas de fin, enfin, pas de but précis mon chemin. Avant je voulais qu'au bout du chemin il y ait quelqu'un qui m'aime romantiquement. Mais en fait mes besoins d'amour (bonjour Lorie) sont déjà comblés. Moi j'ai un squad qui pétille, qui marche au ralenti en arrivant en soirée, j'ai plein d'amour dans mes poches, qu'on m'a glissé dedans ou que j'ai moi-même laissé traîner là. Le froid s'installe mais le soleil est toujours là pour embrasser mes paupières. Je m'attache de façon anxieuse à des gens qui évitent l'attachement. Je me raconte des petites mythologies dont j'espère changer la fin quand ces personnes changeront d'avis. Mais j'ai plus trop envie de me raconter des histoires en espérant changer la fin de la toute première. Des gens vont encore m'abandonner. Et c'est pas grave.

Les gens sont des petites vagues et laissent quelque chose dans l'écume. Y'aura toujours les montagnes, y'aura toujours les vagues, y'aura toujours les baisers du soleil sur mes paupières.

dimanche 17 octobre 2021

Un an pile.




Il y a un an pile, le dimanche en fin d'après-midi je suis arrivée en larmes chez mes parents, parce que mon petit coeur venait d'être brisé (à 95% par moi-même).

Ce matin j'ai somnolé, joui, fait des pancakes pour moi et quelqu'un, tout comme il y a un an, mais pas avec la même personne, et pas dans le même état d'esprit.

Puis j'ai été frapper à la porte de chez mes parents. Mon papa m'a ouvert la porte, encore en pyjama, et est retourné se coucher. Ma soeur et sa maman étaient dans la salle de bain, j'ai été m'allonger sur le lit parental entre mon père et le chat endormi,  et je lui ai débriefé mon week-end en une seule phrase.

"J'ai dormi avec un garçon cette nuit.  C'était sympa mais...Je crois que je préfère les filles, en fait." (en vrai je voulais dire que je préfère coucher avec des personnes à vulve  parce que genre =/= appareil génital mais j'y vais mollo dans l'éducation de mes parents, là ils sont en train d'apprendre les pronoms neutres)

Ma soeur nous a rejoints et nous a raconté des sottises qui ont secoué nos corps de rires, puis ma belle-mère est venue se percher sur le bord du lit. Quand je pense qu'il y a un an je pleurais sans pouvoir m'arrêter. 


Quand je pense que vendredi soir je dansais seule dans un salon avec une fille aux mains aussi douces que son sourire, que samedi j'ai passé la nuit dans les bras d'un ancien amant, et que là, seule dans mon salon, mon salon à moi de mon appartement, mon vrai de vrai où je vis seule, j'ai l'impression que l'Univers a encore fait un de ses tours de passe passe. J'ai pas regardé pendant un moment, j'ai perdu le jeu de vue, et hop. Transformation.


En un claquement de doigts, à chaque fois. Je regarde, je regarde pas. Et hop. Transformation.

dimanche 10 octobre 2021

La vie est un bain.





 Je viens de prendre un bain. J'ai encore mis trop de mousse. La vapeur a nettoyé les embouteillages de mon cerveau, les chemins et connexions se sont désencombrés, et tout est sorti par le siphon quand le bain est devenu tiède.

J'ai un  peu envie de prendre un bain avec une certaine personne mais c'est pas une bonne idée, alors j'attends que ça passe. Les bains seule c'est bien. Je peux réfléchir à voix haute, ne pas me soucier de la température, du temps passé, de la position dans laquelle je suis. Mais mon bain est tellement grand, je m'assieds dans un coin et y'a de la place pour quelqu'un d'autre. J'ai envie de prendre un bain avec mes amies. Parce qu'en fait maintenant la nudité je m'en fous, grâce à un bain de minuit en italie. J'ai envie de faire couler un bain pour les gens que j'aime qui en ont besoin et m'asseoir sur le rebord juste pour parler.

Quand j'étais petite je prenais des bains avec ma maman. On prenait aussi mes jouets dedans. Quand je le prenais seule chez ma grand-mère elle s'asseyait sur la toilette et on rigolait tout le long, on inventait des chansons.  Mon autre grand-mère me rinçait les cheveux avec un petit arrosoir en plastique, tout en me disant "grandis petite fleur, grandis", tandis que je me levais lentement. Ma soeur m'appelait de la salle de bain en cognant contre le mur pour que je vienne parler avec elle pour que le temps passe plus vite.

Dans l'eau mon esprit a les idées plus claires. Y'a un tri qui se fait, un nettoyage. En flottant dans la mer, sous la douche, dans un bain, sous la pluie.


La vie est un bain.

Quelqu'un veut venir prendre un bain avec moi?


dimanche 3 octobre 2021

28 ans et trois quart de concepts




Concept: Avoir 28 ans.

Concept: Être en vie.

Concept: Mettre fin à une relation romantique d'un commun accord, vouloir rester potes, mais encore avoir du désir pour cette personne, parce que non ça ne passe pas en une semaine en fait.


48 minutes à pieds de retour sous la pluie, 48 minutes pour réfléchir à ne pas réfléchir. 

Le tram n'est pas passé. 

Parfois le tram ne passe pas même si le panneau l'indique. Mille métaphores cachées derrière le tram absent.

Un jour les choses seront aussi évidentes qu'écrire un poème, aussi évidentes que mes amours amicales, aussi évidentes que de m'endormir sur le canapé chez mon père.

Et si elles ne le sont pas c'est qu'elles ne sont pas sensées être. Et ce qui n'est pas évident ne doit pas être forcé.

C'est aussi simple que ça les choses complexes. Je prends mes pulsions hormonales et je les fous sous mon tapis persan. Tout un réseau de nerfs dans mon corps qui veut des choses que je ne peux pas lui donner, qui va me faire la gueule. Mais on ne donne pas de chocolat à un chien même si le chien en veut. Et on n'agit pas sur son désir pour des gens avec qui on sait que ça marchera pas. Les prises de tête ça fait de beaux poèmes mais j'en ai déjà écrit des centaines.


Concept: être en vie, très fort.