samedi 25 mai 2019

Avec le coeur

Samedi matin c'était un samedi matin normal. Je me suis réveillée avec ma musique. Normal. J'ai fait un peu de musculation. Normal. J'ai pris ma douche. Normal. Je suis partie pour le taff à pieds. Normal. Je suis arrivée au taff. Normal. J'ai attendu mon groupe d'enfants du jour. Normal.
Mais je savais pas que ma définition de normal allait en prendre un coup ce jour là.

Quand au fil des minutes, les petits humains de mon groupe sont arrivés, ils se distinguaient des enfants des autres groupes. Quelque chose dans leurs yeux. Quelque chose dans leur intonation. Quelque chose dans leur démarche.
Ma première réaction c'était la panique. Discrètement j'ai dit à ma responsable, qui était tout aussi surprise que moi, que je n'ai jamais été formée à animer un groupe d'enfants qui avaient des besoins "spéciaux". Alors j'ai respiré un coup, j'ai sorti ma tirade habituelle de "on ouvre grand les yeux on ouvre grand les oreilles" avant de les emmener de l'autre côté du rideau et là...

C'est avec le coeur que je leur ai dit que la forêt est fausse mais qu'on allait dire que c'est vrai, avec le coeur que je disais à l'une de respirer quand elle sentait sa colère monter, avec le coeur que j'essayais de comprendre ce que me disait celui qui avait le plus de problèmes pour parler, avec le coeur que je tenais la main de celle qui avait besoin de ma proximité quand je changeais de salle avec eux, avec le coeur que je promettais qu'on reviendrait jouer plus tard, avec le coeur que je leur disais que eux aussi ont des super pouvoirs de la vie de tous les jours pour aider les autres, avec le coeur que je leur demandais ce que les tableaux leur faisaient ressentir, avec le coeur que j'ai passé du temps à jouer avec celui qui avait le moins d'autonomie, avec le coeur que je leur ai dit merci.

Quand ils sont partis une des trois mamans présentes m'a fait des compliments à me faire rougir.
J'ai du aller m'asseoir un peu dehors avant de retourner avec mes collègues. Toute seule.
Avec mon coeur
Avec mon coeur
Avec mon coeur
Boum
Boum
Boum

dimanche 19 mai 2019

Le futur qui n'existe pas.

A l'adolescence s'est formée une curieuse habitude: j'avais toujours quelques pas d'avance dans le futur. Un futur proche, un futur lointain, un futur précis, un futur flou, mais toujours un futur qui n'existait pas.

Un futur avec dialogues et mises en scènes, avec milles options et c'est toujours la seule à laquelle je n'avais pas pensé, celle pour laquelle je n'avais pas créé de décor qui finissait par se dérouler sous mes pieds qui n'y étaient pas préparés.

Parfois tout ce que ce futur inexistant que je me créais faisait, c'était me décevoir. Mais souvent ce qu'il fait c'est qu'il me terrifie. Parce que je développe tous les scénarios catastrophes possibles comme si le bonheur n'existait pas dans mon futur imaginaire. Je suppose que c'est comme ça qu'on peut décrire l'anxiété.

Alors depuis environ deux ans déjà j'essaie petit à petit de ne pas laisser ce faux futur s'emparer de mon cerveau.

Pour ne pas être déçue. Pour ne pas avoir peur. Pour ne pas me mettre des barrières infranchissables. Pour avoir les pieds bien ancrés dans le présent. Pour vivre.



dimanche 12 mai 2019

Fin de saison.

Mercredi matin la sensation familière de l'anxiété qui vient se loger du creux de mon ventre jusqu'au sommet de mes poumons a pointé le bout de son nez. J'ai essayé de respirer. J'ai essayé de faire des listes. J'ai essayé de prendre mon rescue spray. Mais rien n'y a fait et tous mes soucis se sont empilés pour se transformer en Goliath.
Et si je ratais mon mémoire? Et si je ratais mon dernier examen? Putain je dois encore régler mes histoires de mutuelle. Comme je fais pour gagner de l'argent cet été tout en bossant mon mémoire? Est ce que je vais trouver un taff d'ici septembre? Et tout un tas d'autres soucis imaginaires dont je n'arrive même pas à me souvenir, mais quand je me tenais pleurant devant mon papa en lui faisant la liste de mes soucis, je n'avais pas assez de doigts pour les compter.

Vendredi j'ai lu quelques passages du livre/autobiographie/je ne sais quoi que j'écris depuis deux ans à Lucile.  "C'est marrant comme certains cycles reviennent"
Ca fait des années que chaque mois de mai/juin/juillet/août je me sens coincée. Coincée par mes examens et travaux à rendre. Et là c'est la dernière fois. Mon dernier été à me sentir sur les starting blocks de la vie.
Je crois que je suis en train d'arriver à un tournant symbolique. 
Le chapitre 1 c'était les quelques mois de renaissance naïve après la rupture. Le chapitre 2 c'était l'année passée à courir après l'amour sous toutes ses formes mais surtout celles qui ne voulaient pas de moi. Le chapitre trois c'était le soleil et la pluie accumulées qui m'ont fait pousser. Et le chapitre 4 c'est le futur proche. C'est demain c'est maintenant.

J'ai l'impression d'en être à la scène du film passée en accéléré où l'héroïne vit une routine en vue de l'obtention de quelque chose qu'elle veut. (Sauf que je suis pas super sûre de ce que sera la scène finale)
Alors je respire.
Dans mes poumons il y a l'infini.

(ma chanson de scène en accéléré)

dimanche 5 mai 2019

Les tricks de l'univers.

Cette semaine l'Univers m'a rappelé qu'il a des milliards de tours de son sac, et que j'ai beau m'attendre à tout, en fait je ne m'attends jamais au tour qu'il choisit.

Tour 1 de l'Univers:  Un des mes boulots qui m'appelle mardi matin. Virée.
Tour 2 de l'Univers: Quelqu'un que je veux depuis longtemps qui dit me vouloir aussi.

Mais moi aussi j'ai des tours de passe-passe, parce qu'avec tous les cadeaux et faux cadeaux de l'Univers j'ai compris comment je fonctionne mal et comment je fonctionne bien.

Réponse au tour 1 de l'Univers:  Comprendre que les jobs de bureau c'est pas pour moi. Que faire quelque chose qui me passionne pas ça fonctionne pas. J'ai essayé. Et voilà.

Réponse au tour 2 de l'Univers: Savourer avec un périmètre de sécurité, ne pas oublier que je ne suis pas un sparadrap, je ne suis pas un fantasme, je ne suis pas un idéal, je suis humaine. Et que les mots c'est joli mais c'est pas toujours vrai.

Réponse à tous les tours possibles de l'Univers: danser en culotte pour me réveiller le matin.