dimanche 29 avril 2018

Des phases.

Un matin en buvant un smoothie que je venais de faire, mes pancakes vegan dans le ventre, les muscles apaisés après avoir fait du yoga (oui je suis un cliché), tout en écoutant un podcast qui parlait des stéréotypes entourant le célibat (oui je sais un cli-ché), je me suis rendue compte de quelque chose et je pense que j'ai presque senti mon âme bouger dans mon corps face à cette petite révélation.

Pourquoi est ce que je me comporte comme si j'étais entre deux phases de couple?

Une partie de mon cerveau n'est pas encore tout a fait d'accord avec l'autre et ne peut pas s'empêcher de jouer au réalisateur de comédies romantiques dès que je croise des yeux qui me troublent un peu.

Pourquoi est ce que j'attends? J'attends quoi en fait? J'attends quoi, en attendant quelqu'un? Je crois que j'ai plus rien à attendre en fait. Tout est déjà là, emmêlé, un peu chaotique, un peu bruyant, un peu brouillon mais tellement beau. Les amis,  la musique emmêlée dans mes oreilles qui bourdonnent, les mots au bout de mes bagues, au bout de mes doigts, mes colliers près du coeur et mes yeux grands ouverts vers le ciel.

J'entends l'orage et j'attends rien.



lundi 23 avril 2018

All in.

Je l'ai serrée dans mes bras une dernière fois et j'ai avancé pour traverser la rue. Je me suis retournée et j'ai vu qu'elle pleurait dans ses bras, alors je suis retournée sur mes pas, elle a pleuré dans mes bras, pendant qu'on marmonnait qu'un an ça passerait vite, ses larmes ont mouillé mes cheveux, je l'ai lâchée et j'ai traversé la rue. Arrivée sur le trottoir d'en face j'ai commencé à disparaître au coin de la rue et j'ai hésité. Alors j'ai couru tandis que le feu allait passer au vert pour les voitures, j'ai mis mes bras autour d'elle une dernière fois, la joue appuyée sur son sac à dos pendant qu'elle pleurait encore et lui aussi il pleurait (et là j'avoue que je sais pas trop pour quelle raison exacte elle pleurait à ce moment là, parce que quitter ce pays voulait dire me quitter moi et mon amitié ça voulait aussi dire le quitter lui et son amour), puis je suis partie, son collier autour du cou. J'ai porté la main à mes yeux mais rien ne coulait.

En la rencontrant fin janvier, le deuxième jour où je l'ai vue à mon travail, je lui ai dit en mettant mon bras autour d'elle "toi et moi on va être amies." Tout en sachant que l'amitié fusionelle qu'on a eue aussi rapidement qu'un claquement de doigt allait avoir une date de péremption que je connaissais: le 21 avril.

C'est bizarre de commencer quelque chose quand on connaît la date de fin.
Et pourtant je crois que je comprends maintenant à quel point ça vaut la peine de tout donner quand même. Ca vaut la peine de tout donner même quand le bonheur ne va pas s'éterniser. Ca vaut la peine de rire très fort même si à la fin on sait qu'on risque de pleurer. Je crois que ça s'applique pour un peu tout. Jetez vous à l'eau. Même si elle est profonde. Même si parfois y'a des requins. Puis promis, c'est plus sympa qu'on ne croit, les requins.



Ma petite quebecoise en fleurs

lundi 16 avril 2018

Personnages secondaires.

Attablées à trois autour d'un jus de pomme/poire bio, une bière aux fruits et une bière blonde, on a fait le tour et le détour de sujets proches et lointains de ceux qu'on abordait déjà adolescentes.
Mais maintenant il y a un peu plus de mort et beaucoup plus de vie.
Et on a parlé encore, alors qu'on a tellement fait le tour de nos histoires d'amour, que je connais la suite de leurs phrases et elles les miennes; de ceux qui nous ont fait du mal.
Mais je me demande comment ceux qui nous ont fait du mal parlent de nous.
Quand on se transforme en personnage secondaire.
Celle qui a fait rire, celle qui a fait pleurer, celle qui a aimé, celle qui a haï. Celle qui a fait ressentir.
Quand on devient celle dont personne ne connaît vraiment les intentions, les raisons.
Parce que personne ne peut être sur de notre vérité, à part nous-même. Alors autant ne pas se mentir.

dimanche 8 avril 2018

En grandes pompes (funèbres)

En ce moment j'ai une plus grande notion du temps qui passe et le futur me paraît très petit et très très grand en même temps. Alors au cas où le temps passe encore plus vite que ce que je ne crois, je me suis dit que ce serait pas mal de déjà préparer une sorte de testament. En quelque sorte.


Je veux que mes funérailles soient une fête. Je ne veux pas une marée d'uniformes noirs. Bordel, je veux des paillettes. Je veux que ceux qui aient besoin de pleurer se laissent aller en écoutant after the curtain de beirut et qu'après passe wannabe des spice girls et que tout le monde danse en riant à travers les larmes. Je veux qu'on m'incinère, je veux qu'on mette mes cendres non pas dans mes endroits préférés, mais là où j'ai pas encore mis les pieds. Des endroits improbables. Des endroits poétiques. Des endroits vivants.

Je veux que ça danse, que ça chante, que ça rie, je veux que ça parle de mes défauts, de ma manie d'être une de ces personnes "fais ce que je dis pas ce que je fais", de tous ces conseils que j'ai donnés mais jamais appliqués moi-même, de mon incapacité à me taire et le fait que maintenant je me trouve dans le plus grand des silences, de mes mauvaises humeurs qui en ont saoulé plus d'un, de mon égoïsme altruiste, de ma mauvaise foi, de mon visage renfrogné quand j'ai faim et de ma façon épuisante de répondre "rien" quand on me demande ce que j'ai dans ces cas là, de mes retards constants associés à mon impatience face à ceux des autres.


Je veux qu'on sorte des photos dossiers, qu'on se foute de ma gueule, qu'on rie à en pleurer et que ce jour là la lune brille exceptionnellement fort. Je veux qu'on reprenne tout ce que j'ai écrit, dans le désordre même, tout, tous les carnets, toutes les notes sur mon téléphone et sur mon ordi et je veux qu'on en fasse un livre. Pour que même en n'ayant plus de corps avec des mains pour traduire ce que pense mon cerveau en surchauffe, les mots que j'ai trouvés puissent continuer à en aider certains. 


coucou c'est moi

lundi 2 avril 2018

A l'infini.

Adossée au muret qui sépare mon lit une place de ma cuisine, les jambes croisées, mes baskets roses à deux sous aveuglantes entremêlées, j'ai envie de pleurer.
J'ai envie de pleurer parce que j'ai l'impression de sentir mon âme cogner contre mes os, on dirait qu'elle essaie de sortir, comme un rayon de soleil qui transperce les nuages pendant quelques secondes un jour terne.
Dans brand new ancients, Kate Tempest dit au sujet de quelqu'un de vingt-cinq ans qu'il est à mi-chemin entre la non-existence et l'infini et tout d'un coup je sens l'infini  croître dans mes poumons, il repousse l'oxygène et l'air s'évapore par ma bouche. Il y a une femme dans son jardin qui fume une clope, elle regarde dans le vide et je me demande si elle aussi sent l'infini dans ses poumons, dans ses veines, dans ses mains. Dans le ciel il y a un avion qui se perd dans un énorme nuage gris qui le dévore pour son repas du soir. Les branches des arbres dansent en transportant délicatement des bourgeons qui mourront avant moi alors que leurs hôtes m'ont précédée et me survivront.
Je pense à toutes les théories qui tournent dans ma tête depuis mes huit ans et qui m'empêchaient de dormir enfant, mêlées à mon anxiété d'adulte dans mon corps qui avait encore des dents de lait.
Tout est cyclique et je suis dans un tourbillon dans lequel je peux décider de changer ma perspective.
Tout est cyclique et je peux trier le bon et apprendre du mauvais.
Tout est cyclique et plus je grandis moins je vieillis vraiment.
Je pense à tous ceux et celles dont j'ai croisé le chemin, le temps d'un regard en coin, le temps de se joindre par les hanches, par les lèvres ou par les mots. Le temps de s'impacter comme des astéroïdes et des satellites. Le temps de s'oublier et puis de se souvenir d'un prénom, un jour, dans un rayon de l'épicerie. Puis de l'oublier de nouveau une fois arrivé à la caisse. Le temps de s'aspirer et s'inspirer l'un l'autre, de se construire comme des âmes en kit, de prendre leur morceau favori, de manger leur plat fétiche, de m'approprier le bar qui est leur qg, le temps d'ajouter un petit pourcentage d'eux dans le puzzle de moi-même.
J'ouvre la bouche très grand mais mon âme ne sort pas. Elle a juste besoin de l'infini à l'intérieur de moi.

New birthmarks.





Après ma rupture je me suis fait un tatouage de vague parce que j'essayais de me rappeler qu'il faut que je me laisse porter.
Après mon été passé à chasser des garçons aussi furtifs et changeants que des ombres je me suis coupé les cheveux au dessus de mon évier.
Après cinq mois passés à le laisser creuser dans toutes les couches de mon âme je me suis percé les oreilles.
J'ai l'impression que j'ai un besoin instinctif de modifier mon corps quand je sens mon âme atteindre un autre palier.
Je renais plusieurs fois par mois. 
Alors je me crée de nouvelles taches de naissance.