dimanche 24 novembre 2019

I want to be now.

Ce matin j'ai entamé des fouilles archéologiques dans mon ancienne chambre chez ma maman. 
J'ai retrouvé ma casio offerte par la belle-mère de mon ex, les clés de chez mon père, une bague en toc et des lettres reçues de mes amies à l'adolescence.

Leurs mots m'ont projetée dix ans en arrière et dans le présent à la fois. Je retrouvais ce qui me faisait sourire dans les souvenirs dans mon quotidien. 
Quelque chose qui me frappe depuis presque trois ans c'est à quel point je me sens proche de qui j'étais à l'adolescence.

Les joies immenses, les catastrophes qui sentent un peu moins la fin du monde qu'avant, les premières fois gravées dans la rétine, les bras grand ouverts prête à planer. Les bonheurs des autres m'éclaboussent, leurs joies me rendent fière. Ce qui sort le plus souvent de ma bouche c'est un rire, et enfin ce n'est plus celui qui est là pour se faire remarquer, c'est celui qui vient du ventre, le plus vivant.

J'ai pas hâte d'être à une date buttoire, j'ai pas hâte d'être au week-end, j'ai pas hâte d'être en été, j'ai pas hâte de "rencontrer quelqu'un", j'ai hâte d'être maintenant, même quand maintenant fait mal. Qu'est ce que c'est beau maintenant.


dimanche 17 novembre 2019

On n'est jamais à l'abri d'un plot twist.





Lundi après-midi, attablée entourée de collègues/amis, je me suis entendue dire des mots beaucoup trop familiers, des mots en forme de spirale, des mots qui prenaient de la vitesse et qui couraient droit vers un mur que je me suis déjà pris un certain nombre de fois, même quand ce mur essaie de s'habiller d'autres couleurs pour que je ne le reconnaisse pas. Alors j'ai sorti mon téléphone de mon sac et j'ai essayé d'emprunter un autre chemin, à l'opposé de ce mur. Il m'a répondu qu'il était disponible le soir même.

Je savais pas quoi faire. Toute une partie de moi était tellement habituée à se prendre le mur qu'elle voulait se prendre le mur encore (et peut-être qu'en fait ce chemin là aussi mène vers un autre mur, je ne le sais pas encore), ce mur si familier, cette douleur temporaire qui transforme tout ce qu'elle touche en apprentissage express, cette douleur pareille à celle dans mes os d'enfant la nuit dans mon lit, mais dans la cage thoracique.

Quelques heures plus tard, en fou rire assise sur mon lit avec Lidia qui me disait d'écouter ma fatigue et de ne pas y aller, le rejoindre, cet inconnu, dans un bar, un lundi férié. La pluie tombait encore un peu au loin et le mur m'appelait, mais ma politesse et mon sens de l'engagement à mes promesses ont crié plus fort et j'ai mis ma veste et j'ai laissé mes attentes au porte-manteau. Ptet qu'on allait pas si bien s'entendre que ça. Ptet qu'on allait juste être amis. Et que j'pourrai aller me prendre le mur que j'avais tellement envie de me ramasser une fois de plus.

D'abord on a parlé un peu comme deux inconnus qui font comme s'ils n'étaient pas à un rencard. Puis on a parlé comme deux potes. J'ai entendu le bruit du mur s'éloigner. Puis on a parlé comme deux personnes qui flirtent l'air de rien. J'ai senti le vrombissement du mur qui commençait à tomber sur lui-même. Puis on a parlé comme deux personnes qui flirtent en connaissance de cause.  J'ai laissé le mur en plan, en ruines, avec rien à fouiller.

Tout s'est fait tout seul, on est partis en expédition du corps l'un de l'autre et j'ai pensé à rien d'autre que ce que me livraient mes sens. Quand il m'a prise dans ses bras j'ai pas cherché plus loin, quand on s'embrassait en discutant simplement j'ai pas interprété. Et en repartant de chez lui le lendemain après-midi je me suis rendue compte que c'est la première fois de ma vie que je n'avais ressenti aucun malaise une fois le soleil levé avec quelqu'un qui n'est pas mon mec. Le mur est en miettes je crois. Peut-être qu'il se reconstruira. Peut-être que je dois me le prendre encore. Peut-être que je me prendrai un mur d'un autre genre. Peut-être que lui était juste une leçon de vie de quelques heures. Peut-être que lui aussi sera un futur mur.

Peut-être et peut-être et peut-être.

On n'est jamais à l'abri d'un plot twist.



dimanche 10 novembre 2019

"Méré"

Ce matin a six heures j'ai dit bonjour aux étoiles en allant me coucher. Le froid embrassait mes doigts crispés sur mon téléphone tandis que je résumais ma soirée à voix basse pour lidia qui les écouterait en se réveillant.
Les copains sur la piste de danse, les embrassades, les discussions cachés derrière nos bières, le sol collant, mes allées venues sur la terrasse avec les fumeurs surtout pour parler avec l'un d'eux, des paillettes sur mes mains des paillettes sur mes joues.

Rentrée à la maison j'ai effacé un poisson doré qui avait élu domicile sur ma joue. J'ai rejoué des conversations dans ma tête à mon réveil et j'entends encore une certaine façon de prononcer mon prénom résonner.

Mais je sais qu'il serait probablement vain de me questionner. Alors je repense plutôt à la piste de danse. Aux copains. Aux étoiles qui me disent bonjour et bonne nuit à la fois. Je pense à moi. Et à tout ce que je vais apprendre. Là bas quelque part au tournant, dans le froid, dans les prochaines chaleurs. Tout le temps.

dimanche 3 novembre 2019

La pluie.

J'ai l'impression qu'octobre n'a pas existé.
Il était si long et si court. Je n'ai écrit dans aucun de mes carnets de question quotidienne en octobre. J'ai pas écrit sur mon monthly planner et en plus il est tombé derrière ma commode.
Et je l'ai fini triste alors il me paraît encore plus irréel.
Novembre l'a foutu au tapis et a nettoyé ses vestiges avec sa pluie incessante. 
Je sors de chez moi il pleut, je ris il pleut, j'attends il pleut, mon anxiété monte dans mes poumons il pleut, mon anxiété redescend il pleut, il pleut, il pleut.

Je m'essaie une fois de plus à être dans l'ici et le maintenant. Sous cette pluie, dans un canapé, au cinéma, attablée à côté d'un mec avec qui on se fait du genou je crois, au taff, en train de préparer le lancement du podcast avec Asma, sur mon lit en train de lire. J'essaie de dire à mon cerveau que pour le moment on est là. Qu'il pleut et qu'on en a besoin. Et qu'on sait pas de quoi est fait demain,  et que tout ce qu'on peut faire, c'est d'être vraiment là, sous la pluie.

J'aime bien la pluie.