dimanche 4 mars 2018

Let me leave or let me love you.



Ce matin en descendant la rue qui mène chez moi, j'ai noté dans mon téléphone, à 6h52 
"Awake h+24
Heartbreak h+57"


Pendant la nuit de samedi j'étais tellement occupée à vivre, qu'entre deux pas de danse dans la rue avec un inconnu qui sortait ses poubelles, des rires face à de l'art absurde, quatre shots offerts par le barman, et mon corps qui se mouvait au rythme des basses; je me rendais compte, le temps d'une seconde, que j'avais pas pensé à lui. Ne pas y penser c'est y penser, certes. Mais c'est comme si depuis jeudi j'avais aussi permis à ma tête de débloquer quelque chose et d'être petit à petit plus dans l'ici et le maintenant.

Ma vie est faite de cycles et jeudi sous la pleine lune, retour case départ, le serpent s'est mordu la queue quand j'ai arrêté de me mordre la langue. On s'est rencontrés au vernissage de sa mère en octobre. Et là au vernissage de sa mère en mars on a "rompu". "J'ai l'impression de rompre avec toi alors qu'on est pas en couple". "Moi aussi". "Putain j'ai la nausée." "Moi aussi."

Depuis octobre une chanson qui me faisait penser à lui c'était make up your mind de florence and the machine. Laisse moi partir ou laisse moi t'aimer et je savais pas et c'était pas clair et est ce qu'on était amis ou est ce qu'un jour, un jour peut-être et pourquoi est ce qu'il me regarde comme ça et pourquoi est ce qu'il dit ça et pourquoi est ce qu'on est là dans mon lit et pourquoi est ce qu'on a recouché ensemble et pourquoi est ce qu'on se voit toutes les semaines et pourquoi est ce qu'il n'y a aucun malaise et pourquoi est ce qu'on rit tranquillement comme s'il n'avait pas eu ses mains partout sur mon corps quelques jours avant et pourquoi est ce qu'il est en train de draguer ma collègue devant moi deux semaines après avoir couché avec moi et pourquoi est ce que je pleure et pourquoi est ce qu'il regarde le sol sans savoir quoi dire et pourquoi est ce que je suis encore debout face à lui et pourquoi est ce que je suis en train de lui dire que je l'aime et que je sais bien que lui pas et pourquoi est ce qu'on reste là dans ce couloir froid pendant une heure à tout déballer et pourquoi et. Oh.


Make up your mind. Enfin il s'est décidé. Let me leave or let me love you. Et du coup je suis partie. Les portes du bus se ferment "Bon bah à...je sais pas. Salut." Trois mois six mois un an? Deux? Jamais? Je lui ai envoyé "t'es un ptit con et tu vas me manquer." J'ai supprimé notre conversation. J'ai jeté les choses qu'il m'a données. On va être en orbite dans la vie l'un de l'autre mais on peut plus rentrer en collision. Parce que le pas maintenant pour l'amour est aussi devenu pas maintenant pour l'amitié. Et pas maintenant ça veut parfois dire jamais.

J A M A I S. Et face au vide laissé par ce mot terrifiant je me suis rendue compte qu'il y avait plein de place dans ce vide. Plein de place pour des choses magnifiques et grandioses, de la place pour encore des erreurs de parcours et quelques couacs. Plein de place pour vivre.


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