jeudi 26 janvier 2017

The endless pursuit of happiness


Quand j'avais 18 ans j'étais malheureuse.
En fait non, j'étais carrément apathique.


Je ne ressentais rien.
Rien du tout.

J'ouvrais mon livre préféré et je ne dépassais pas le titre. J'allumais la télé et les images dansaient devant moi sans faire de sens. Les gens me parlaient et j'avais l'impression de ne pas comprendre leur langue. Sortir de chez moi me demandait un effort constant et j'inventais des excuses pour ne pas le faire, invoquant "un rhume". Mais j'étais vraiment malade. Juste pas physiquement.
Et c'est alors qu'est arrivé le principe de l'âne et la carotte. L'âne c'était moi. Et la carotte a changé au fil des années mais ce qui n'a jamais changé c'est qu'elle était en déplacement constant, devant moi, je la voyais, mais je ne l'attrapais jamais.
La carotte c'est le bonheur.
J'ai cru qu'en pesant un certain poids je serais heureuse.Puis quand j'ai atteint ce poids je n'étais pas heureuse. Alors je me suis fixé un nouveau poids auquel je serais heureuse. Et puis je n'étais pas heureuse.

Mais ce sort est réservé à tant de gens, avec ou sans troubles mentaux. On avance en poursuivant quelque chose qu'on arrive à dater, qu'on voit au loin, et puis une fois là en fait c'est pas tout à fait ça alors on fixe une nouvelle étape un peu plus loin. Et quand on est sur place, finalement, c'était pas la bonne non plus.

Quand j'aurai fini le lycée, quand j'aurai un mec, quand mes potes reviendront d'erasmus, quand j'aurai fini la fac, la semaine prochaine, après les vacances, à la rentrée, quand j'aurai du taff, quand j'arrêterai ce taff, quand j'aurai des gosses...J'serai heureux/se.

Mais c'est pas vrai. Le bonheur c'est pas une récompense qu'on reçoit après avoir grimpé sur tous les obstacles de merde qui se retrouvent dans nos vies. C'est pas une coupe qu'on va poser sur notre cheminée et la regarder prendre la poussière avec fierté.
Le bonheur c'est dans les petits moments de calme, dans le goût d'un croissant chaud, dans votre livre adoré, dans les basses qui vrombissent dans nos cages thoraciques lors du concert de notre artiste préféré, c'est rien et c'est tout ce que vous voulez.

Mais c'est pas une récompense qui va arriver à une date donnée. La pression qu'on se met pour être heureux ne nous aide pas.

Respirez un coup.

Ca va aller.

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