dimanche 17 novembre 2019

On n'est jamais à l'abri d'un plot twist.





Lundi après-midi, attablée entourée de collègues/amis, je me suis entendue dire des mots beaucoup trop familiers, des mots en forme de spirale, des mots qui prenaient de la vitesse et qui couraient droit vers un mur que je me suis déjà pris un certain nombre de fois, même quand ce mur essaie de s'habiller d'autres couleurs pour que je ne le reconnaisse pas. Alors j'ai sorti mon téléphone de mon sac et j'ai essayé d'emprunter un autre chemin, à l'opposé de ce mur. Il m'a répondu qu'il était disponible le soir même.

Je savais pas quoi faire. Toute une partie de moi était tellement habituée à se prendre le mur qu'elle voulait se prendre le mur encore (et peut-être qu'en fait ce chemin là aussi mène vers un autre mur, je ne le sais pas encore), ce mur si familier, cette douleur temporaire qui transforme tout ce qu'elle touche en apprentissage express, cette douleur pareille à celle dans mes os d'enfant la nuit dans mon lit, mais dans la cage thoracique.

Quelques heures plus tard, en fou rire assise sur mon lit avec Lidia qui me disait d'écouter ma fatigue et de ne pas y aller, le rejoindre, cet inconnu, dans un bar, un lundi férié. La pluie tombait encore un peu au loin et le mur m'appelait, mais ma politesse et mon sens de l'engagement à mes promesses ont crié plus fort et j'ai mis ma veste et j'ai laissé mes attentes au porte-manteau. Ptet qu'on allait pas si bien s'entendre que ça. Ptet qu'on allait juste être amis. Et que j'pourrai aller me prendre le mur que j'avais tellement envie de me ramasser une fois de plus.

D'abord on a parlé un peu comme deux inconnus qui font comme s'ils n'étaient pas à un rencard. Puis on a parlé comme deux potes. J'ai entendu le bruit du mur s'éloigner. Puis on a parlé comme deux personnes qui flirtent l'air de rien. J'ai senti le vrombissement du mur qui commençait à tomber sur lui-même. Puis on a parlé comme deux personnes qui flirtent en connaissance de cause.  J'ai laissé le mur en plan, en ruines, avec rien à fouiller.

Tout s'est fait tout seul, on est partis en expédition du corps l'un de l'autre et j'ai pensé à rien d'autre que ce que me livraient mes sens. Quand il m'a prise dans ses bras j'ai pas cherché plus loin, quand on s'embrassait en discutant simplement j'ai pas interprété. Et en repartant de chez lui le lendemain après-midi je me suis rendue compte que c'est la première fois de ma vie que je n'avais ressenti aucun malaise une fois le soleil levé avec quelqu'un qui n'est pas mon mec. Le mur est en miettes je crois. Peut-être qu'il se reconstruira. Peut-être que je dois me le prendre encore. Peut-être que je me prendrai un mur d'un autre genre. Peut-être que lui était juste une leçon de vie de quelques heures. Peut-être que lui aussi sera un futur mur.

Peut-être et peut-être et peut-être.

On n'est jamais à l'abri d'un plot twist.



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